La loi Veil en 1975, la mise en cause des entraves violentes des commandos anti-avortement par la loi de 1993, le combat permanent pour la dignité des femmes, la dernière loi de limitation de la prostitution en avril 2016, telles sont de grandes contributions de notre amie Maya Surduts disparue ce 13 avril à l’âge de 79 ans.
La cérémonie des adieux de Maya, notre amie, notre camarade, s’est déroulée mercredi 20 avril au funérarium du Père Lachaise puis au cimetière communal de Bourg la Reine, auprès de ses parents.
Quelques ami-e-s ont réagi à l’annonce de ce décès qui nous dévaste.
Bonjour à tou-te-s,
Je viens d’apprendre avec une tristesse absolue la disparition de Maya ce matin. Essayons de rester en contact pour assister à ses obsèques.
Amitiés
Antoine Malamoud
Souvenir de Maya
Quand j’ai appris cette triste nouvelle, hier soir tard, je sommeillais et un essaim de souvenirs s’est mis à tourner autour de moi. Maya la belle, la Grande Maya, qui enflammait les AG, Maya et ses coups de gueule pendant les réunions, Maya sur les marchés du Quartier Latin, distribuant tracts et journaux, interpellant les passants, allant au -devant des discussions et des affrontements, Maya pendant les manifs, tenant haut les banderoles. Maya, ses sourires, ses justes colères.
Tout me fascinait en elle, sa vitalité, sa beauté, sa crinière de lionne indomptable, son élégance aussi. Et un détail, peut-être futile, ses longues mains et ses énormes bagues !
Et tout m’émouvait en elle, ses blessures, qu’elle n’évoquait que très discrètement, les blessures de la petite fille juive pendant la guerre, et d’autres blessures aussi, celle de la femme amoureuse à Cuba, détruite par la séparation, elle qui se battait encore pour libérer des geôles castristes ses amis opposants au régime.
Maya était une vraie battante, elle se battait pour gagner, elle construisait, attentive à ce qui, dans nos luttes, était porteur de transformations sociales. Elle ne lâchait jamais rien.
Je me souviens d’une journée particulière. À trois, Maya en tête, une camarade et moi, nous étions allées… occuper le bureau de Simone Veil, alors ministre de la Santé, juste avant le passage de son projet de loi devant l’Assemblée Nationale. Nous étions porteuses de la parole et des exigences du MLAC. Simone Veil nous avait reçues, et, en apprenant, sur le fait, que nous «allions occuper son bureau », avait fait monter des sandwiches, avec un petit sourire en coin : si occupation il y avait, nous aurions peut-être besoin de nous sustenter ! Nous avons longuement parlé de son projet de loi, de notre crainte que le Parlement ne s’y oppose. Elle demanda à son secrétariat de prévenir la presse de cette occupation, pas mécontente de pouvoir ainsi faire état de la pression de l’opinion publique en sa faveur. Vers le soir, nous avons « levé » l’occupation, et nous sommes parties, après de chaudes salutations.
Oui, Maya, cette fois-là tu avais agi pour qu’une loi passe, et la victoire de Simone Veil a été aussi ta victoire, la nôtre.
Des années plus tard, attachée culturelle au Chili sous la dictature de Pinochet, j’avais fait appel à Simone Veil, alors députée européenne, pour organiser une aide aux hôpitaux et dispensaires chiliens dépourvus de tout. Elle avait répondu immédiatement, avait mobilisé ses réseaux pour nous fournir une liste de matériel médical français recyclé et disponible, avait suggéré l’affrètement d’un bateau. Au cours de nos échanges, je lui avais rappelé notre «journée particulière », et l’émotion était, je crois, partagée.
Peut-être est-ce pour cela que ces grandes dames habitent mes pensées : Maya Sturduts Simone Veil. Et une troisième aussi, ma cousine Francine Comte-Ségeste. Des femmes qui ont montré l’exemple, par leur ténacité, leur opiniâtreté
Oui, Maya , tu as été un exemple pour nous, tu nous a montré qu’il ne faut jamais « la fermer ».
Plus que jamais aujourd’hui nous avons besoin de toi, et tu restes dans nos cœurs.
Michèle Narvaez
Chères amies, chers amis,
De Maya je me rappelle les flamboyances, l’engagement à 120%, le courage, l’intransigeance qui, parfois, j’en parle pour l’avoir vécu, la lançait sans nuance dans des polémiques foudroyantes !
Mais si la polémique pouvait être dure, Maya la menait en face, sans petites hypocrisies ni faux-semblants, sans billard à 3 bandes.
Je suis triste mais je me souviendrai de la combattante. Ne pleurons pas Maya, car son combat n’est pas fini. Pensons à la chance que nous avons eue de la connaître.
Bises
Dominique Tessier
Merci de l’info
Je suis, comme beaucoup, très touchée mais très contente d’avoir bénéficié de son inépuisable énergie.
Amitiés
Brigitte Charbonneau
Ami(e)s
Maya m’aurait sûrement engueulé pour ce « e » entre parenthèses. Quoi, les femmes entre parenthèses ?
J’ai adoré cette femme.
J’ai d’elle une image intacte, intemporelle et précisément datée dans le temps historique – joli paradoxe – comme elle était belle !
Castrisme et féminisme radical mixés avec véhémence. Imprévisible. Maya la magnifique.
Amitiés
Denis Levaillant
Terrible, l’amie Maya vient de nous quitter.
Sa chaleur humaine, son ouverture, ses colères et sa grande gueule libertaire nous manquent déjà… ll lui arrivait d’être plus chiante que moi en réunion ce n’est pas peu dire.
Maya est connue pour ses engagements politiques et féministes, souvent mêlés (voir fiche Afp), elle est moins citée pour son rôle majeur dans les mouvements la défense des services publics et pour une santé de proximité, démocratique et égalitaire, comme dans le Collectif national contre les franchises, dans Notre Santé en Danger ou dans le vaste mouvement autour des Lilas et de son emblématique maternité… Elle est venue maintes fois aux Rencontres nationales et aux débats de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, et malgré la fatigue, elle restait souvent jusqu’au bout depuis l’arrivée du vendredi soir jusqu’à l’assemblée générale du dimanche matin.
Je voudrais juste évoquer 4 instants parmi tant d’autres…
– Notre Rencontre d’Arcachon-Cazaux en mai 2010. Lorsque j’introduis les orateurs, je leur recommande de parler 10 mn maxi pour ne pas limiter le débat avec la salle. Tous sont Ok mais lorsque c’est le tour de Maya, alors que nous venons juste de plaisanter avec grand clin d’œil tous les deux, elle me fusille de son regard noir et de sa voix de tribun inoubliable elle hurle à la salle que personne n’a jamais pu la faire taire et la limiter. C’était tout elle, capable de passer de la gentillesse la plus douce, de l’auto-ironie, à l’attaque frontale énergique contre tout ce qui se présentait.
– Un soir à la fête de l’Humanité, vers 2011 ou 2012 je crois, on organise une tribune sur les maternités, le droit des femmes et la défense de l’IVG. 5 ou 6 femmes, et je crois que j’étais en tribune le seul homme (peut être deux si ma mémoire ne flanche pas trop). Avec une ironie mordante, Maya me glisse à l’oreille ; bon on accepte les minorités ici, mais tu n’as pas intérêt à monopoliser la parole. Bon ben j’étais prévenu, car derrière le sourire ironique se dissimulait à peine l’énergie batailleuse. Et pour monopoliser la parole, elle parlait en vraie connaisseuse.
– aux Rencontres de Nantes en juin 2013, très importantes pour moi puisque j’abandonne la présidence occupée depuis 2006, on se retrouve à discuter avec Maya et notre cher grand pote Jean V. On évoque Cuba. Je lui explique alors que je vais faire en Sicile une conférence sur le « Che, libertaire ou non ? ». Et là elle se lâche, elle se raconte, son long périple à Cuba durant de nombreuses années, ses travaux dans différents milieux dont l’enseignement, ses conflits et ses haines pour un pays qu’elle aime toujours mais dont elle recrache à jamais le despotisme. Elle parle de ses jeunes années (chose rare, en tout cas avec moi), des découvertes parfois mêmes romantiques de l’île caraïbe (oui c’est bien de Maya dont il s’agit) et souhaite m’accompagner à Sélinonte, localité qui lui donne grande envie de voyage. Bon sang Maya pourquoi ne m’as tu pas accompagné, et en plus cela m’aurait reposé, je n’aurais pas pu en placer une.
– aux Rencontres de Creil des 13-15 novembre 2015 qu’on a failli ne pas pouvoir tenir à cause des attentats parisiens de la veille, Maya est très pâle. Sans doute déjà très affaiblie. Elle est marquée par son Paris agressé et s’épanche en me parlant d’ami-e-s qui vivent proches du Bataclan. Plus d’éclats de voix désormais. On s’embrasse fortement lors de son départ, discret pour une fois, et c’est pour moi tristement la dernière fois que je la vois de près.
Dans notre monde hyper conventionnel, où l’on hésite à dire les choses, où notre attitude policée conforte en fait les pouvoirs dominateurs et forcément réducteurs de toute nature et émiettent progressivement nos qualités démocratiques, Maya va laisser un très grand vide. Sa manière de nous remuer qui parfois nous énervait fortement quand la réunion s’éternisait et qu’elle ne faisait rien pour contribuer à bien la terminer, est une extraordinaire qualité pour la démocratie que nous voulons plus directe et plus citoyenne, même si ce n’était pas toujours en faveur de l’efficacité. Gueuler c’est la vie, le conflit chaleureux, c’est la vie, l’exigence et la radicalité, c’est ce qui nous permet d’avancer et relance nos espoirs.
Et toi Maya tu ne vas plus nous aider à réagir en ce sens.
Muchos besos y abrazos. « Salud » fraternal y Hasta luego compañera
Didier Ménard
C’est une grande tristesse
nous avons partagé tant de combats et de convictions
la franchise de nos désaccords, quand il y en avait, n’a jamais entamé notre amitié et notre affection commune
Gustave Massiah
Maya est morte.
Nous l’avions connue, Francine Comte et moi, au début des années 70, dans les manif féministes. Grande et belle dame aux doigts couverts de bagues à qui les commissaires baisaient presque la main, se confondant en excuses, à travers les barreaux de la garde à vue. Puis nous nous étions rapprochés ( à l’OCT). Francine et elle étaient devenues inséparables dans l’animation du Collctif National du Droit des Femmes.
Maya, venue du Yiddishland des Pays Baltes, était pour moi une réincarnation de ma grand-mère, excessive, adorable. Même caractère passionné, même difficultés avec les objets (elle me téléphonait pour retrouver le pointeur de la souris sur son écran…), même souci de se garder une espace pour la culture, les expos, le théatre (mais d’avant garde, pas comme ma grand mère).
Et avec ça tout l’engagement émancipateur de chaque instant et les désillusions de la Mitteleuropa, de Cuba au féminisme…
Avec sa perte c’est un nouveau chagrin personnel et l’impression d’un monde qui peu à peu s’engloutit. Celui où l’on croyait, très très fort, en quelque chose.
Alain Lipietz
Bonsoir les amis,
Tristesse les amis d’apprendre le décès de Maya, citoyenne toujours debout, infatigable militante féministe. Déterminée et généreuse. Nous l’aimions cette figure aînée et insolite apparue dans notre jeunesse et revue de temps à autre !
La nouvelle loi prostitution du 6 avril résonne aussi de son combat !
Merci Maya
Amitiés
François
Triste, mais pas tout à fait quand même, de nous retrouver sur le net quand l’un de nous va voir ailleurs ce qu’il s’y passe.
Nos carnets d’adresse vont commencer à ressembler à des allées de cimetière, mais c’est la vie.
Dorlotons la relève, Maya le souhaitait, et puis, c’est le printemps.
Tendresses
PS pas de photo de Maya avec une cigarette?
Brigitte Curchod
Merci François, Rémi et Françoise de m’avoir si vite informé de ce décès qui me touche beaucoup.
Sans elle je ne serai pas rentrée à Révo : dans la section, plusieurs militants hommes me trouvaient trop spont !
Ils avaient raison j’agissais plus que je ne causais…
Enfin si vous entendez parler d’un rassemblement d’honneur ou d’accompagnement dites-le moi j’y irais
Amitiés
Odile Paliès
Je viens de recevoir cette triste nouvelle…
Et oui quand j’ai appris sa disparition je me suis écrié « Merde alors ! » et c’est sa voix qui a envahi mes pensées.
Rémi Gruber
Interventions aux obsèques (parmi d’autres)
- Maya Surduts par Isy Joshua la période Cuba
- Maya Surduts par Marie-Genevieve Lentaigne l’engagement féministe
Dans la presse
- Article dans Libération Décès de Maya Surduts, féministe historique, humaniste indocile
- Article dans le Monde Mort de Maya Surduts, grande voix du féminisme
- Fiche Afp Mort de Maya Surduts, grande dame du féminisme
- Communiqué du Cedetim pour Maya
- Tribune : « Féministes pour une société émancipatrice, ni prostitution, ni GPA » cosignée par Maya Surduts dans revue Terriennes le 1er février 2016
- Interview Maya Surduts, un féminisme de luttes – Entretien Maya 2013
Propos recueillis par Margaret Maruani, et Rachel Silvera
La Découverte | « Travail, genre et sociétés » - La fiche wikipedia sur Maya Surduts
Emmanuel Wallon dit
Du MLAC à l’antiracisme en passant par la défense des femmes de Srebrenica, il n’est pas un combat que Maya ait délaissé – sans oublier celui qu’elle a dû livrer contre la maladie. Son engagement n’allait pas sans emportement, souvent, mais son exigence était communicative et nous emportons comme des cadeaux de la vie les coups de gueule et les éclats de rire qu’elle fit tonner de sa belle voix de crooneuse.
Respect et affection, Maya !
Tessa Brisac dit
La Grande Maya est morte.
Après 79 ans à être Maya, il est temps de se reposer, j’imagine.
Je l’aimais bien, Maya, j’aimais sa voix rauque, ses rires fracassants, ses énormes colères et surtout, sa mauvaise foi à l’épreuve des balles. Elle était exaspérante, et, oui Denis, magnifique.
Au temps du MLAC (ça fait bientôt 40 et quelques années), nous les gamines, on la voyait un peu comme ces tantes adorées et impossibles, qui vous engueulent et vous racontent leurs voyages et, rarement, leurs amours, qui vous passent l’adresse du gynéco ou les préservatifs que vous ne pouvez demander à personne d’autre et vous les font payer d’un sermon rigolard…
Ciao, Maya, c’est pas encore gagné pour l’avortement libre et gratuit (pas ici, du moins) alors il y a encore du boulot, on finit ça et on arrive…
Tessa
HELENE ADAM dit
Tu étais Maya pour nous toutes (et tous), infatigable militante du droit des femmes, battant le pavé, ne ratant jamais une réunion, un meeting, une manifestation, fiévreuse et passionnée, de ta belle voix de contralto, avec un soupçon d’accent, tu fustigeais tes “adversaires”, refusais toutes les compromissions, adorais discuter pendant des heures…
La mort habille mal les militant-e-s.
Elle va plus mal encore à notre amie Maya Surduts, de son vrai prénom “Merija”, juive et Lettonne, réfugiée, révolutionnaire, féministe.
Son aventure militante commença à Cuba dans les années soixante. Elle y resta 7 ou 8 ans avant de se faire virer par le régime Castriste qui la trouvait fort contestataire. Elle entra alors à Révolution!, organisation des années soixante dix, et au MLAC, Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception. Elle en fut très rapidement une figure emblématique, un modèle pour beaucoup d’entre nous, à l’heure où nombre de femmes mouraient encore d’avoir voulu choisir leur vie. Inoubliable période qui se termina par une victoire et scella pour toujours ce sentiment nouveau qui nous remplissait d’ivresse et de fierté : ensemble, nous étions fortes, différentes, nous changions la vie.
Le féminisme alors chevillé au corps à partir de cette expérience forte et historique, Maya ne quitta jamais son combat, à la LCR pendant de très nombreuses années, à la Gauche Unitaire puis à Ensemble et surtout à la CADAC et au Collectif National des droits de Femmes.
Image inoubliable de femme, belle, rebelle, indépendante et volontaire, qui puisait ses racines loin, dans cet entre deux-guerre, de persécutions contre les juifs et les communistes, elle avait construit sa pensée politique dans les guerres d’indépendances anti-colonialistes et anti-impérialistes, et avait parcouru toutes les aventures militantes des années soixante-dix à nos jours. Maya n’aura jamais posé ses valises.
Elle nous laisse des milliers de souvenirs, belle silhouette de femme énergique que rien, ni personne n’intimidait, qui put paraitre austère du fait de son intransigeante passion, mais dont nous connaissions aussi la grande tendresse de l’amitié entre femmes qui partageaient les mêmes idées, l’humour des moments de joie et de rires, la générosité de cette superbe ainée, qui força bien souvent notre admiration.
Adieu Maya.
Impossible d’imaginer que tu ne seras pas à la prochaine manif.
Au moins dans nos pensées.
Cet hymne te symbolise si bien
« Le temps de la colère, les femmes
Notre temps, est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers ! »
Hélène Adam (Maroussia)
Ville dit
Elle ne connaissait probablement rien de moi. Mais elle répondait toujours avec un « Salut » sonore et, parfois, une bise, lorsque je la croisais dans nos diverses activités communes.
J’adorais Maya, grande gueule, son caractère rocailleux, son esprit radical et unitaire. J’aimais qu’elle ne cesse de pester contre notre incapacité collective de placer le féminisme à sa juste place, c’est à dire centrale et transversale, dans notre organisation « de mecs », la LCR.
Qu’elle en fut militante était pour moi un des signes que j’étais à ma place dans cette organisation.
Salut Maya !
Sébastien (Ensemble !, né en 1973)
VASSALLO Patrick dit
Patrick Vassallo Avec Maya Surduts une grande dame nous a quitté. Pour l’avoir croisée à « Revolution », au début des années 70, puis au MLAC, plus tard à Ras l’front et à la CADAC , cette militante de grand caractère, déterminée, entière parfois, a toujours cherché à changer le présent et à transformer ce monde. Féministe intransigeante , humaniste confirmée, elle est de ces figures qui auront marqué ma vie. . En ces temps de nuit debout, puissent ses engagements être portés haut debout! Merci Maya
anonyme dit
j ai vu Maya pour la première fois début des années 70 place st germain des près
Magnifique Maya
je ne lui ai jamais parlé
je n aurais jamais osé
je la voyais dans les petits restaus du quartier prés de la rue Voltaire. La plupart du temps elle s’engueulait avec quelqu’un. J’étais soulagée quand je la voyais dans les manifs. J’avais compris combien on avait besoin d’elle
ces dernières semaines je l’ai cherchée Adieu Maya
Claude VK dit
Que dire après tous ces témoignages ? J’ai milité à ses côtés dans de nombreux combats pour les droits des femmes et elle a fait partie de ma sensibilisation à des engagements plus que nécessaires.
Maya nous a tou-te-s marqué-e-s pour la vie et c’est un grand vide qu’elle laisse mais c’est aussi un exemple de ténacité que nous ne devons jamais perdre de vue.
Nous serons plusieurs à nous unir en pensée avec les personnes présentes au cimetière.
Emmanuelle Latour dit
Maya Surduts, une des voix les plus marquantes des luttes féministes françaises ces 40 dernières années.
Une de celles qui interrompent les phrases trop longues, qui pousse chacune et chacun à l’engagement, à ses côtés ou pour lui tenir tête, qui porte les messages essentiels au dessus de la cohue, dans les manifestations et dans les associations qu’elle a contribué à créer et porter, dans les ministères, pour demander des comptes et contribuer à un dialogue exigeant, pour mieux forcer la main de l’histoire, pour les droits des femmes, toujours.
Sa voix s’est tue le 13 avril 2016 mais mille voix reprennent son refrain.
Le service des droits des femmes et de l’égalité tient à lui rendre son plus sincère hommage.
Emmanuelle Latour et Stéphanie Seydoux.
Pascal Renaud dit
Maya était dans ma cellule, une cellule d’intellectuels disait-on afin de limiter la portée des positions qu’elle prenait. Maya était une combattante, une femme entière qui ne mettait pas son drapeau dans sa poche… à l’intérieur de notre organisation comme à l’extérieur. Mais surtout, une femme dont l’engagement politique radical n’obscurcirait pas l’humanité et la sensibilité. Elle parlait fort mais savait écouter. Je voudrais lui rendre hommage en apportant témoignage de cette écoute à travers une anecdote personnelle. Nous étions en fin 1974. Avec d’autres militantes du MLAC, Maya avait lancé un « groupe divorce » et c’était au moment où ma mère s’était retrouvée seule. Elle se sentait abandonnée. Elle en était dévastée. Discrètement, à l’issue d’une réunion, j’en avais parlé à Maya… Parce qu’elle était plus âgée et parce qu’elle comprenait la détresse, elle a convaincu ma mère de venir au groupe divorce. C’était pour moi un peu miraculeux, ma mère, aller chez les gauchistes ? Ce fut pour elle, un extraordinaire réconfort. Le temps a passé, elles ont toutes deux disparues. Mais ma mère n’a jamais oublié Maya et les copines du groupe divorce dont elle parlait avec beaucoup d’admiration.