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Territoire zéro chômeur : Une initiative encourageante et pleine d’espoir

05/10/2017 par Françoise Mériou 1 commentaire

Alors que la question de l’emploi revient dans l’actualité à travers la « loi Travail » et la diminution drastique des « contrats aidés », des initiatives locales enrichissent le débat : elles peuvent donner espoir aux chômeurs de longue durée et dynamiser des communes rurales.

Le projet « Territoire zéro chômeur », initié par ATD Quart Monde (Agir tous pour la dignité Quart monde), est né d’un double constat. D’une part, les emplois manquent alors que le travail ne manque pas. Il existe sur un territoire donné des besoins non satisfaits, des travaux utiles à la société, mais insuffisamment lucratifs pour le marché classique.
D’autre part, chaque personne possède des compétences, de par son expérience professionnelle et son expérience de vie.

Le coût annuel d’un « demandeur d’emploi longue durée », c’est-à-dire d’une personne inscrite depuis plus d’un an à Pôle emploi, est estimé entre 16 000 et 20 000 euros par an. Celui-ci inclut les prestations liées aux indemnités chômage, à l’Allocation de solidarité spécifique (ASS) [1], au Revenu de solidarité active (RSA), mais aussi aux coûts correspondants à l’Aide personnalisée au logement (APL).

Viennent se rajouter les frais liés à la santé, à l’échec scolaire et aux manques à gagner des caisses des différents organismes (sécurité sociale, Assedic, impôts, etc.).

L’originalité du projet « Territoire zéro chômeur » est de rediriger ce coût pour financer des emplois manquants sur un territoire donné, de proposer des CDI rémunérés au SMIC aux demandeurs d’emploi longue durée, qui sont les plus éloignés de l’emploi, et de travailler avec les entreprises implantées localement, l’objectif étant la création de nouveaux emplois.

Ce projet a été voté à l’Assemblée nationale en février 2016, pour une durée expérimentale de cinq ans. Il concerne 10 territoires sur toute la France et pourrait être élargi, s’il est reconduit.

J’ai pu rencontrer M. Prost chef de projet de « Territoire zéro chômeurs » sur les communes de Pipriac et St Ganton (Île et Vilaine) [2].


M. Prost, m’a expliqué le fonctionnement de cette action dont l’objectif est « le plein emploi volontaire sur le territoire ».

Ce projet, dit-il, n’est pas un dispositif, c’est une mobilisation territoriale pour l’emploi.
Sans l’implication de tous, il ne peut réussir. Sur notre territoire, qui inclut 2 communes, le travail préparatoire à la mise en place du projet a démarré en juin 2014, alors que la loi n’avait pas encore été votée. Ainsi, nous étions prêts pour démarrer en janvier 2017. L’important pour mener à bien ce projet est d’intervenir sur un petit territoire, afin de pouvoir mettre en lien les demandeurs d’emploi et les entreprises locales. Au départ, une équipe d’animation territoriale a contacté les élus, les entreprises et les associations du territoire pour les mobiliser. Lorsque ces acteurs se sont montrés suffisamment prêts à s’engager dans l’expérimentation, les demandeurs d’emplois suivis par le Point accueil emploi (PAE) de Pipriac ont été sollicités pour rejoindre le projet. Le PAE est une structure de proximité pour les gens qui cherchent du travail ou souhaitent des renseignements sur l’emploi et la formation, et il fait un travail d’accompagnement (aide au CV, réflexion sur le projet professionnel…). C’est seulement après avoir rencontré les personnes concernées, fait l’inventaire de leur savoir-faire et de leurs souhaits de travail, que la recherche de tout ce qu’il y avait d’utile à faire sur le territoire a été engagée. C’est en effet, précisément pour ces personnes, qu’il fallait trouver du travail, pas de manière abstraite. Il fallait donc commencer par les connaître.
Un comité local s’est créé qui est le cœur et le pilote du projet. Il est présidé par les deux maires et constitué des conseillers municipaux, du PAE, de six chefs d’entreprise (agriculteur, transporteur, maçon, paysagiste…), de représentants des salariés de l’entreprise à but d’emploi TEZEA [3]. S’y ajoutent des représentants de pôle emploi, de la mission locale, de l’État, de la région, du département et de la communauté de communes.
Le comité local a un rôle de vigilance par rapport à la concurrence car les emplois créés ne doivent pas être concurrentiels avec ceux pourvus par d’autres structures, et il doit s’assurer que toutes les personnes privées d’emploi depuis un an et qui le souhaitent puissent travailler. Il doit donc mobiliser les acteurs du territoire et « ratisser » toutes les activités possibles car nous devons trouver du travail à une centaine de personnes. Il faut que tous ceux qui peuvent nous fournir du travail nous le donnent, que ce soit les entreprises, les habitants, les communes. Tout ce projet se base sur le volontariat, aussi bien du côté des entreprises qui s’engagent à nos côtés que du côté des chômeurs qui doivent résider sur les communes de Pipriac et St Ganton.
            Crédit illustration : Camille Besse
Un fonds de financement reçoit de l’État 101% du SMIC brut (17 800 euros par an, par chômeur et par emploi à temps plein) mais il peut aussi être financé par d’autres collectivités qui font des économies grâce à ce dispositif, par exemple, les départements qui économisent sur le RSA.
Mais ceci se fait sur la base du volontariat, et la dotation totale est plafonnée à 113% du SMIC. La région, elle, est sollicitée pour la formation des demandeurs d’emploi.
Le fonds reverse à chaque entreprise à but d’emploi un montant annuel forfaitaire par emploi à temps plein créé : ce montant correspond au coût estimé du chômage de longue durée.
TEZEA a été créée en Janvier 2017. Elle recrute – sans sélection – tous les chômeurs qui se présentent et leur propose des emplois en CDI. Ceux-ci sont orientés par le PAE et décident eux-mêmes du nombre d’heures hebdomadaire où ils souhaitent travailler : on parle alors de « temps choisi ». Certains souhaitent rester dans le secteur professionnel qu’ils connaissent bien. D’autres, au contraire souhaitent et acceptent la polyvalence. Dans ce projet, des formations avant la mise à l’emploi peuvent être proposées, et les personnes restent disponibles pour être recrutées par des entreprises classiques si elles ont des propositions. Mais, il n’y a pas de contraintes strictes du genre « Si vous n’acceptez pas deux offres d’emplois vous êtes licencié… ».
On fait confiance aux personnes pour évoluer mais on ne veut pas les bousculer.
On est ouvert depuis six mois, et on sait que les personnes doivent d’abord reprendre pied dans le travail.
On essaie de créer autour d’elles un environnement stimulant pour qu’elles aient envie d’évoluer. On doit donc répondre à leur demande de formation, leur permettre de se faire connaître des entreprises locales. Il faut qu’elles reprennent confiance dans leurs capacités et se disent « Tiens je pourrais travailler autre part… ».
ATD Quart Monde à l’origine de l’initiative
Les entreprises, lorsqu’elles ont besoin de personnel, contactent TEZEA qui leur offre des prestations de service. La spécificité de TEZEA est la polyvalence car nous avons dans nos équipes tout type de qualification, des gens qui ont été maçon, secrétaire, couturière…et qui souhaitent ou pas continuer dans leur secteur d’activité, et auxquels nous devons trouver du travail. Si quelqu’un a été maçon et a un problème de genoux, nous devons lui offrir un autre emploi. Pour le moment, nous n’avons pas encore embauché toutes les personnes qui sont en attente de travail, mais plus de la moitié du chemin est déjà fait.
Une recyclerie, dont nous souhaitons développer l’activité, a été créée à Pipriac par une autre association qui a bien voulu nous la céder gracieusement pour que nous la développions.
Les salariés peuvent y travailler lorsqu’ils ne sont pas en prestation auprès de clients extérieurs, car TEZEA se doit d’honorer le contrat passé avec eux, à savoir leur fournir une durée de travail hebdomadaire donnée.
Nous avons aussi créé une activité de démantèlement de palettes, de création de mobilier en bois de palettes et de découpe de bois de chauffage proposé aux personnes sous condition de ressources. Ceci permet d’absorber les fluctuations des commandes extérieures et permet aux personnes qui veulent travailler 35 heures hebdomadaires de pouvoir le faire.
Nous réfléchissons à la mise en place d’une activité de légumerie pour les cantines bio des communes – l’épluchage de légume – qui demande beaucoup de préparation. Mais nous devons d’abord nous assurer qu’il y a un besoin réel non couvert par des structures existantes ou en création, notre principe étant d’intervenir toujours en complémentarité, jamais en concurrence.
Concernant l’aide à domicile, nous avons assuré aux associations présentes sur le territoire que nous n’irions pas « sur leur créneau », que nous ne leur ferions aucune concurrence.
Ce que nous aimerions développer auprès des personnes âgées, c’est les « petits services de confort » qui ne relèvent pas de la dépendance mais sont très utiles et qui pourraient s’adresser à des personnes à petits revenus qui ne relèvent pas des associations. Mais cela se construit dans la durée, il faut tisser petit à petit des relations de confiance avec les structures locales et s’assurer qu’effectivement elles ne touchent pas cette clientèle.
Maintenant que TEZEA est bien repérée sur le territoire, les entreprises s’adressent directement à elle. Mais l’équipe d’animation territoriale continue de faire un travail de fond pour démarcher les entreprises de Pipriac et de St Ganton qui ne sont pas encore en lien avec TEZEA.
Aujourd’hui, nous avons dans l’entreprise 47 ex-chômeurs de longue durée dont 80% à temps plein et 30 personnes sur liste d’attente. Nous sommes conscients qu’il y a des personnes qu’on ne touche pas, celles qui ne viendront vers nous que si nous allons les chercher. C’est d’ailleurs la philosophie d’ATD Quart Monde que d’aller vers les plus exclus, elle est au cœur de ce projet qui se refuse à abandonner dans l’abîme du chômage qui que ce soit.

[1]. Allocation solidarité spécifique — dite aussi « allocation de fin de droits » — lorsque les droits aux Assedic sont épuisés.

[2]. Pipriac : 3739 habitants — St Ganton : 418 habitants : département d’Ille-et-Vilaine

[3]. Entreprise à but d’emploi est la structure qui recrute les demandeurs d’emploi

_______________________________________________________________

Pour en savoir plus

Le lien sur le site d’ATD

Ecoutez l’émission le Téléphone sonne de France Inter sur « Les Territoires Zéro chômage de longue durée » du 9 juin

Un article dans Libération

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Commentaires

  1. David Wynot dit

    06/10/2017 à 11:43

    Faites une expérience : lisez l’article en pensant que c’est une initiative du gouvernement, quels sont vos réactions sous cette condition ???

    Juste un test sur notre capacité à juger d’une initiative par rapport à son origine, plutôt que par rapport à nos valeurs.

    David

    Répondre

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