Alain Oppenheim nous invite à partager quelques réflexions personnelles sur et à partir de la situation syrienne, il ne vise pas à tenter une présentation ou un résumé d’analyses. Il nous propose en annexe une série de liens vers des articles, interviews et conférences dont la recension est bien entendu non exhaustive. Elle met l’accent principalement sur quatre chercheurs spécialistes français qui, s’ils divergent parfois dans leur approche et leur analyse, se rejoignent sur l’essentiel : la réflexion, l’indignation, l’alerte et la dénonciation – celle-là étant parfois un acte respectable et indispensable. Elle ne peut prendre en compte les nombreuses facettes de « la question syrienne » ni ses enjeux, nombreux en thématiques, en conséquences et en … développement durable.
Plusieurs questions sont en effet contenues dans « la question syrienne ». Qui précisément n’est pas que syrienne, non seulement du point géographique mais aussi, et de façon indissociable, de celui des logiques à l’œuvre – toutes proportions gardées, « la question grecque » n’était pas que grecque non plus. En voici cinq, résumées succinctement, c’est-à-dire sans aborder leurs extensions ni en préciser les données en termes de faits, de chiffres et d’historicité puisque les liens ressources le font.
- Destruction (je n’ose écrire : déréglementation ) des règles, lois et obligations de la conduite de la guerre et de la protection des populations civiles [1]. Assad et Poutine justifiant cela de diverses façons (voir plus loin). Que le tyran et ses complices avancent ainsi, soit. Mais qu’ils soient dans la possibilité de le faire est d’une autre gravité, et cette démission les y encourage.
- Indignité et déshonneur assumés dans les faits, au-delà des postures, sur fond d’abandon des principes et affirmations, et donc des populations. Quelques exemples de ces lâchages et lâchetés : la « ligne rouge » des armes chimiques ; la non-imposition d’interdiction aérienne militaire, de mise en place de couloirs ou – et de livraisons aériennes humanitaires ; l’acceptation de la destruction de véhicules de l’ONU et de la mort en mission de représentants de la Croix-Rouge ; destruction d’hôpitaux et d’écoles, etc.
- Impunité négociée à la fois pour le temps présent et pour le futur pour les criminels de guerre et d’humanité ainsi que pour leurs complices. S’ajoute à cela l’acceptation [2] du maintien de Assad comme élément dit incontournable de la résolution du « conflit », vocable euphémisant pour guerre civile et surtout massacres reconnus et continus de la population par les dirigeants de l’État, ce qui précisément suffit à légitimer une intervention onusienne.
- Renvoi dos à dos et mise en équivalence des criminels et bourreaux et de leurs victimes. Sur l’air de : entre deux barbaries il est difficile voire impossible de choisir. Arguments avancés : « ceux qui s’opposent au dictateur et à ses alliés sont majoritairement des terroristes et commettent eux-mêmes des actes barbares ». Or ni les moyens disponibles et utilisés, ni les conséquences en nombre de victimes ne sont équivalents, sans compter que ce n’est pas « la rébellion » et encore moins la population qui est comptable de ces actes. Que Assad et Poutine utilisent cet « argument », soit. Que tel pays ou telle institution internationale, et le discours dominant médiatique, le relaient voire s’appuient dessus, c’est autre chose. Car à cet utilitarisme s’ajoute l’idée de punition collective, ce qui contredit l’article 33 de la Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949.
- Refuge (sic!) derrière l’unanimisme des institutions. Qui dans ce cas empêcherait tel-s pays d’assumer ses-leurs obligations et de concrétiser ses-leurs principes et obligations. Mais qui n’empêche pas tel-s autres, parfois les mêmes, de ne pas respecter ces règles et contraintes, soit individuellement soit à travers des « coalitions », comme ce fut le cas en Irak, en Libye ou au Mali (où l’intervention militaire fut présentée comme résultant d’un accord d’assistance mutuelle franco-malien, comme Poutine argue d’un tel accord russo-syrien). Cette utilisation à géométrie variable s’exerce au-delà des différences dans les situations en termes d’historicité et d’enjeux – variante de l’unilatéralisme, du bi, tri ou n-latéralisme dans la guerre économique.
Ces cinq axes s’interpénètrent et se déploient dans les faits comme dans le discours, énoncé en clair ou en diplomatique par les dirigeants politiques et les institutions internationales, au-delà des affichages. Ils sont désormais en quelque sorte institutionnalisés, à savoir servent comme références, « évidences techniques » et « us et coutumes ». Ils participent à la confusion, à la sidération, à la passivité et à l’impuissance des citoyens. Ils sont indissociables et par là même permettent ou justifient la non-action, de tel ou tel pays ou -et- de « la communauté internationale », ou ils autorisent à contrario des actions à visées géostratégiques, économiques ou politiques, mais illégales et donc criminelles au sens étymologique et juridique du terme.
La preuve du pudding est qu’on le mange, affirmait Marx. Les faits ont la tête dure, disait Lénine. On en est là.
La guerre, discours et pratique si utiles
S’ajoute à cela un élément ombrelle, comme l’on dit en marketing : « la guerre au terrorisme », « la menace présente et à venir que constituent l’islam ou -et- les islamistes » ( la confusion entretenue par ignorance ou par visée politique autour de ce sujet … est un sujet en soi ). La priorité, la surdétermination ainsi désignée vise et favorise une espèce de « consensus » dur ou mou, qui dépasse le cercle des dirigeants politiques et des institutions internationales. Elle est, hélas, présente aussi chez une partie de la population. Ici, quatre axes principaux interréagissent, dans le dit ou le non-dit.
- La valeur exemple. « Après tout », Poutine a montré la voie en Tchétchénie, où « la pacification anti-terrorisme islamiste » a fonctionné. Le simple énoncé suffit, qu’importe ce qui se cache derrière les vocables, l’objectif et la réalité de la guerre, ainsi que le résultat en termes de massacres et de mise en place d’un régime dictatorial – savoir néanmoins que les mosquées ont remplacé les centres culturels … De même, « après tout », si les moyens employés sont excessifs et condamnables, « l’ennemi n’est pas un enfant de chœur ».
- L’utilitarisme pragmatique. La dictature des Assad a bénéficié depuis son origine de complaisance, sous prétexte que « la Syrie est un élément stable et stabilisateur de la région » – et à l’occasion un acheteur d’armement. Israël n’étant pas le dernier à employer et concrétiser cet « argument » non seulement discutable politiquement, mais contredit dans les faits, voir le Liban notamment. Cela vaut bien une messe ou un kaddish dits pour les victimes. Car « à tout prendre », mieux vaut une « dictature stable » qu’une « démocratie mouvementée » [3]. A quoi s’ajoutent des considérations matérielles et financières, de commerce et de corruption, avec la Syrie mais aussi avec ses alliés (Arabie saoudite et Iran). Un classique qui ne concerne d’ailleurs pas que la Syrie (euphémisme), et qui rend la situation encore plus, comme aiment dire les commentateurs et politiques, « extraordinairement complexe ».
- L’ennemi est extérieur, soit, mais il a des résonances, des affidés et des recrues potentielles à l’intérieur. Si le combattre et l’éradiquer à l’extérieur est présenté comme le moyen d’éviter le terrorisme ici même, cela ne suffit pas. D’où l’état d’urgence (qui par sa répétition est un état d’exception), la surveillance généralisée, le développement de la suspicion contre une partie de la population, voire la déchéance de la nationalité et l’internement. Discours de la guerre, gouvernement par la peur [4]. Pratique de la novlangue, recyclant le fameux La guerre c’est la paix, en La guerre au terrorisme à l’extérieur c’est la paix à l’intérieur. Les gouvernants reconnaissent la portée en grande partie symbolique de cela, mais c’est si utile !
- L’union nationale. Pression institutionnelle, psychologique, médiatique : difficile de ne pas être « guerre au terrorisme ». Le phénomène ne concerne pas seulement les élus, mais est présent dans une partie importante de la population. Comment ne pas « être guerre au terrorisme », de la même façon qu’il fallait « être Charlie » sous peine d’être « repéré et traité » selon le mot de Nathalie de Saint-Cricq, responsable du service politique de France 2, le 13 janvier 2015.
La guerre au terrorisme et la guerre économique
Les contre-révoltes et contre-révolutions ne sont ni une nouveauté ni rares. Elles peuvent prendre la forme de massacres sans autre forme de procès, si j’ose écrire. Mais aussi de coup d’État, de nature militaire ou institutionnelle. Il existe aussi le coup d’État financier, parfois combiné au coup d’État institutionnel – comme celui contre la Grèce. Le contournement et l’abandon des règles et principes, des traités ou conventions, le prétexte de l’unanimisme n’ont-ils pas été de la partie ? Il serait illusoire pour autant de croire que cette variante est « plus douce » dans la forme et dans les conséquences. Les conséquences sont fortes et documentées en termes d’augmentation des suicides, de développement de maladies dont certaines qui avaient disparu, de pauvreté voire de misère, de traumatismes, de destruction des services publics, d’exils.
Dans la phase actuelle du capitalisme à l’ère financier transnational, la guerre n’est pas que la continuation de la politique par un autre moyen, c’est de plus en plus la forme cadre prise par la politique. Comme l’anticipait Michel Foucault, c’est la politique qui est la continuation de la guerre. Et l’économie étant de la politique, c’est d’ailleurs son intitulé d’origine : économie politique, il est logique que soit martelée depuis maintenant de nombreuses années l’expression « guerre économique », qui est tout sauf symbolique, dans le discours, les moyens employés et les effets. Cette guerre met en jeu les mêmes axes généraux, le même cadre : détournement, contournement, destruction des règles, lois, codes et principes ; impunité contre les criminels et leurs complices (de la finance, de la spéculation, de la fraude fiscale) [5] ; dénonciation, répression et punition des « petits » et des opposants, mais dialogue, négociation voire partenariat avec les « grands » ; justification par « le pragmatisme », « les contraintes » et « les objectifs » ; union nationale version Tous pour le redressement (des marges), la compétitivité (des profits) et la croissance (des dividendes et des patrimoines) ; sans oublier la guerre au laxisme, à la paresse et à l’assistanat, etc.
Enfin, si la guerre militaire est la forme « ultime » de la violence, ce n’est pas la seule. La violence tend à se développer dans de nombreux pays, dont la France. Elle s’exprime dans les relations économiques et sociales, des classes dominantes et possédantes vers les classes populaires et dominées, à coups de déréglementations, de démantèlement et de la dénationalisation partielle ou totale de services publics, de l’imposition au travail des « contraintes de la guerre économique et de la mondialisation », de fermeture de sites, etc. Elle s’organise par exemple par l’utilisation de tous les moyens institutionnels possibles pour imposer des décisions ou – et dénier le vote citoyen : 49-3 (contre sa propre majorité…) et bientôt peut-être gouvernement par ordonnances, annulation du résultat du référendum de 2005 sur le projet de traite européen, approche policière et sécuritaire des questions sociales, notamment. A cela s’ajoute la violence de l’affairisme et de la prédation patrimoniale, de l’affichage décomplexé de l’entre-soi, de l’endogamie, l’impunité, les conflits d’intérêts camouflés ou pardonnés, la stigmatisation réelle voire la pénalisation des lanceurs d’alerte. Entre autres, car ici aussi la liste est longue.
Le discours dominant en rend compte et en construit le cadre, parlant de « la violence des chemises déchirées », de « la ressemblance des méthodes de la CGT et de Daech », de « l’aspect criminel des occupations d’entreprises et de séquestration », des « profiteurs » – ceux du RSA, de l’Assurance maladie, etc. -, entre autres exemples. Quant à la violence des classes dominantes, possédantes et exploitantes, qu’en termes délicats les choses sont, parfois, dites. Ce pourrait être le sujet d’un prochain article.
Bien entendu, toutes choses sont profondément inégales entre ce qui se déroule en Syrie et en France.
Alain Oppenheim
1. Pour évoquer le cas France, certes il y a eu et il y a des dénonciations, des protestations, des propositions. Sauf ceci par exemple : une délégation des plus hautes autorités françaises ou de personnalités s’envolant pour Alep, comme Mitterrand et Kouchner le faisant pour Sarajevo. L’avion serait-il missilé, détourné (par l’aviation syrienne ou russe ) ? Un pont aérien, comme celui pour le Berlin de la « guerre froide », pour livrer nourriture, médicaments, matériel médical et chirurgical, vêtements. Un B.H.L. appelant à l’intervention militaire contre les (menaces de) destructions et massacres à Alep. La France serait-elle seule ou en coalition ? L’ONU condamnerait-elle l’initiative ? Tant qu’à faire à ignorer ou contourner des résolutions ou des traités, autant que ce soit pour des raisons légitimes et urgentes. Le pire, ce n’est pas qu’il s’agisse de lâcheté physique mais de lâcheté morale et politique.
2. Ce maintien, imposé par la Russie, a fini par être accepté de façon quasi générale, y compris par l’Union européenne, à part la France, malgré des ambiguïtés pour cause de « réalisme ».
3. Formule empruntée à Friedrich Hayek, économiste ultra-libéral et (à ce titre?) qui fut récompensé par le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1974. Il affirma lors d’un voyage dans le Chili de Pinochet, épaulé par les Chicago Boys (économistes experts en libéralisme « décomplexé », préfiguration de la troïka actuelle) : « Je préfère personnellement un dictateur libéral à un gouvernement démocratique qui ne serait pas libéral ». Dans la même veine, Jacques Chirac en visite dans la Tunisie du dictateur Ben Ali, affirma le 4 décembre 2003 : « Le premier droit de l’Homme est de manger, de se soigner, de recevoir de l’éducation ». Fi de la dictature, de la répression, sans compter que bien peu de personnes en Tunisie avaient alors droit aux droits de l’Homme selon Jacques Chirac. L’inventaire pourrait être élargi, y compris sur le thème « La sécurité est la première des libertés », mantra actuel en France, renversant le principe réfléchi et formulé par les révolutionnaires et les constituants de 1789 : « La liberté est la première des sécurités ». Question de novlangue et de novlogik, là encore.
4. Pour reprendre un thème cher à Patrick Boucheron. Voir notamment sa lumineuse conférence inaugurale au Collège de France.
5. Voir par exemple les ouvrages de Jean-François Gayraud, dont L’art de la guerre financière et Le nouveau capitalisme criminel : crises financières, narcobanques, trading de haute fréquence, ainsi que celui de Alexis Spire et Katia Weidenfeld, L’impunité fiscale.
POUR EN SAVOIR PLUS
Ci-dessous un certain nombre de liens ressources, pouvant être consultés selon sa convenance, ils ouvrent sur d’autres liens, d’autres chercheurs et spécialistes. Chacune et chacun peut ainsi « butiner ».
En 2016
• Alep, théâtre « d’une guerre froide à sens unique » – Entretien avec Jean-Pierre Filiu
• La Russie soutient-elle le régime Assad ou bien mène-t-elle sa propre guerre en Syrie ? de Jean-Pierre Filiu
• Olivier Roy : «Personne ne veut vraiment une victoire militaire contre Daech»
• François Burgat : «La violence dite islamique ne vient pas de l’islam»
• Une émission sur France Inter avec Jean-Pierre Filiu : « Obama nous a amenés là où nous sommes en Syrie »
• Pierre-Jean Luizard: «Au Moyen-Orient, la recomposition des Etats doit faire partie des discussions. Car elle apparaît inéluctable.»
• Une conférence enregistrée aux « Mardis de la Villa » avec François Burgat, politologue et directeur du programme WAFAW et Thomas Pierret, spécialiste de l’islam sunnite à l’Université d’EdimbourgLes nouveaux paradigmes de la crise syrienne
• « Comment les Etats-Unis viennent de sauver Daech d’une défaite annoncée en Syrie » de Jean-Pierre Filiu
• « La folie de laisser Rakka aux mains de Daech » de Jean-Pierre Filiu
• La Syrie est notre guerre d’Espagne. Comprenons-le enfin de Jean-Pierre Filiu
• Olivier Roy : “Parler de guerre ne fait que renforcer le discours de Daech, parce que cela les présente comme la grande menace mondiale”
En 2015
• Comprendre «le piège Daech» une interview de Pierre-Jean Luizard
• Une émission avec Pierre-Jean Luizard à propos de son livre Le piège Daech
En 2014
• Olivier Roy : « Ce qui se passe en Irak et en Syrie est le prolongement de l’Afghanistan »
• « Comment le régime syrien a «construit» la guerre civile » un entretien avec François Burgat
• Jean-Pierre Filiu: «La clé de la défaite djihadiste se trouve en Syrie plus qu’en Irak»
En 2013
• Une émission sur France Culture : « Et pendant ce temps, en Syrie… » avec François Burgat
• Gilles Kepel, la « faille » syrienne
• Jean-Pierre Filiu : «La révolution arabe durera une génération»
• Syrie : Barbarie d’Etat un entretien avec Jean-Pierre Filiu
Michèle Narvaez dit
Merci pour cet article très éclairant, très bien informé, et engagé aux côtés du peuple d’Alep. Il nous rappelle douloureusement à quel point les intérêts de la politique, de la finance, de la diplomatie, priment sur toute considération pour les civils. Il révèle aussi à quel point nos sociétés sont anesthésiées, incapables de faire peser la voix du coeur et de la responsabilité. Alep agonise, et je ne peux m’empêcher d’évoquer d’autres périodes noires de notre histoire, comme le périple hébété de Jan Karski, résistant polonais, parcourant l’Europe, jusqu’aux Etats-Unis, jusqu’au bureau du Président Roosevelt, pour dire ce qu’il savait, ce qu’il avait vu, pour raconter, pour témoigner d’un génocide en cours. C’était en 1943, et personne ne l’avait cru, personne n’avait voulu le croire. Aujourd’hui, pour notre « honte et notre colère », comme le chante Michèle Bernard, cela se passe à Alep, mais aussi à Mossoul, et à Qaraqosh, et nous voilà en effet sidérés et impuissants, dans un monde où toutes les violences semblent s’être libérées sans frein. Au moins en parler, au moins l’écrire, en attendant, en espérant mieux!
sylvie dit
Merci beaucoup pour cet article sur le sujet urgent de la guerre en Syrie.
Je relaie et vous recommande l’appel « Il faut un ultimatum humanitaire pour Alep » paru le 6 décembre dans Le Monde de Marcel Bozonnet, Jack Ralite et Emmanuel Wallon.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/12/06/il-faut-un-ultimatum-humanitaire-pour-alep_5044234_3232.html?xtmc=ultimatum_humanitaire&xtcr=1
Je signale aussi l’appel à un rassemblement le samedi 10 décembre à Paris (Place de l’Hôtel de ville à 16h).
François Vescia dit
Merci pour ce travail approfondi d’explicitation de cet orient « compliqué » par l’occident tout autant que par lui-même.
La Syrie est le point de tension entre les conflits inter-arabes sous la polarisation des intérêts divergents entre puissances planétaires.
De mon point de vue, pour une fois ce n’est pas une intervention américaine ou occidentale, qu’il faut regretter mais son absence.
L’article est fourni et stimulant. Le jeu des commentaires après les éloges c’est de marquer des réserves, des nuances voire la contradiction.
Juste dans la dernière partie, la première lecture la phrase « Dans la phase actuelle du capitalisme à l’ère financier transnational, la guerre n’est pas que la continuation de la politique par un autre moyen, c’est de plus en plus la forme cadre prise par la politique. » m’a paru un peu sommaire.
Mais la poursuite de l’article élargissant la notion de guerre, et de guerre militaire à celle toute violence imposée par un groupe d’humains à un autre groupe fait comprendre pourquoi l’économie aujourd’hui comme et peut être plus qu’hier peut être « violence ».
Toutefois ne serait-il pas prudent de faire une différence entre ces divers degrés de violence ? Toutes les violences se valent-elles ? La violence en Syrie équivaut aux les rapports de force sociaux en Suède (qui d’ailleurs accueille un taux particulièrement élevé de réfugiés) ? Les catégories philosophiques ne peuvent-elles pas nous piéger et nous amener à des essentialismes impuissants ?
Peut-on imaginer un monde sans intérêts contraires et mêmes sans rapports de force ? L’enjeu est certes de les diminuer – et avec elles leur lot de souffrances- mais pas de les éliminer. Certes on en est si loin que je pense nous sommes plutôt d’accord sur le fond.