Les cinq articles de cette série sont essentiellement des témoignages recueillis en novembre 2015 au cours d’un voyage en Grèce organisé par le SMG (Syndicat de la médecine générale) et l’USP (l’Union syndicale de la psychiatrie). Ces témoignages sont ceux de citoyens grecs impliqués dans l’organisation de la solidarité autour de la santé pour les plus démunis.
Les témoignages ont été recueillis et mis en forme par Malou Combes qui a participé au voyage.
Sommaire général des cinq articles
Solidarités grecques 1 : Quatre dispensaires autogérés
- 1. Le dispensaire du centre d’Athènes
- 2. Le dispensaire d’Helliniko
- 3. Le dispensaire d’Halandri
- 4. La pharmacie sociale de Vyronas
Solidarités grecques 2 : Un café autogéré au centre d’un hôpital psychiatrique
Solidarités grecques 3 : Galatsi, halte éphémère pour les afghans en route vers l’exil
Solidarités grecques 4 : Un député grec en colère
Solidarités grecques 5 : Rencontre avec le Journal des journalistes
Avant que le temps ne fasse son travail d’éteignoir, j’aimerais vous livrer les impressions vives que m’a laissées un contact direct avec les manifestations de solidarité que sont les dispensaires autogérés mis en place par des bénévoles pour pallier les insuffisances d’un service public de santé de plus en plus déficient, qui laissent les plus démunis sans soins.
Au fur et à mesure que se resserrait l’étau de la dette autour de la Grèce, beaucoup d’entre nous avaient les yeux tournés vers ce pays qui tentait de résister aux mesures d’austérité qui lui étaient imposées.
Sensibilisée à la cause grecque par les informations toujours plus alarmantes sur le plan humanitaire, mais porteuses d’espérance du fait des tentatives de l’opposition, dans la lignée des mouvements Occupy Wall Street et Podemos, de trouver des issues politiques, j’avais suivi en France de multiples débats et participé à des manifestations de soutien au cours de l’année 2015. Sollicitée par mon compagnon, j’ai souhaité me joindre au voyage organisé par le SMG (Syndicat de la médecine générale) dont il est membre, et l’ USP (l’Union syndicale de la psychiatrie).
Il y avait dans le groupe de participants à ce voyage des médecins généralistes, des psychiatres, psychanalystes, infirmières, impliqués dans la rédaction de la revue Pratique (« Cahiers de la médecine utopique ») mais aussi une journaliste, deux ingénieurs, une comédienne marionnettiste, liés par des actions de solidarité, dans le cadre d’associations ou par leur activité professionnelle.
Nous savions qu’il existait en Grèce des réseaux de solidarité autour de la santé, de l’éducation, de l’alimentation et du logement. En effet, en 2011, face à la crise, les mobilisations syndicales traditionnelles, inefficaces contre les plans d’austérité de la Troïka, furent relayées jusqu’aux élections de 2012 par un mouvement d’occupation [1] pratiquant la démocratie directe, inspiré de celui des Indignés. Après ces élections, un gouvernement d’union nationale imposa un 2ème volet de réformes drastiques. Choqué par la surdité des dirigeants et cette coalition inattendue, et pour répondre aux besoins croissants, notamment alimentaires et sanitaires, le mouvement d’occupation s’est transformé en un mouvement SOLIDAIRE et a créé les cliniques et pharmacies sociales, autrement nommées dispensaires autogérés.
Nous étions également porteurs d’une aide financière collectée auprès des amis et des membres des syndicats SMG et USP, ainsi que de médicaments, mais indépendamment de cette aide matérielle concrète nous voulions savoir comment les dispensaires autogérés s’étaient mis en place et fonctionnaient, et quelles leçons pouvaient en être tirées en matière de solidarité. Car si la Grèce est le pays européen le plus gravement touché par la crise pour des raisons dont certaines sont inhérentes à sa propre histoire, la France, tout en paraissant plus solide, n’est pas à l’abri d’une aggravation de sa situation. Dans le domaine de la santé en particulier, les fermetures d’hôpitaux et de maternités de proximité, les restructurations et les restrictions budgétaires avec leur lot de suppressions de postes ainsi que l’augmentation de la précarité et la difficulté d’accès aux soins des plus démunis semble indiquer que nous avons et nous aurons de plus en plus à faire face à des difficultés comparables. Ce constat peu rassurant a achevé de me convaincre de participer à ce voyage
Alors que nous étions dans l’autobus qui nous conduisait de l’aéroport sur la route d’Athènes, les signes de la crise n’étaient pas frappants. Ce n’est que le soir, en parcourant des rues et places faiblement ou pas du tout éclairées, bordées de trottoirs défoncés, que les magasins désaffectés, les portes d’entrées d’immeubles cadenassées, les appartements apparemment inoccupés ou devenus des squats [2], et le foisonnement de tags et de graffitis, nous ont révélé l’ampleur de la crise.
Solidarités grecques : 1 – Quatre dispensaires autogérés
Quand des citoyens bénévoles touchés par la crise organisent des structures de soins primaires
1. Rencontre avec le dispensaire du centre d’Athènes
Le dispensaire autogéré du centre d’Athènes se trouve au premier étage d’un immeuble dans un quartier relativement aisé. Quelques patients attendent assis, le visage tourné vers le sol, dans cette salle dont une partie est réservée à l’accueil et au secrétariat. Nous prenons connaissance des lieux sous la conduite de Sophia qui s’adresse à nous dans un français impeccable. Une pièce est occupée par la pharmacie proprement dite. Une autre sert de cabinet de consultation et enfin une troisième, beaucoup plus spacieuse, comprend une table d’examen, deux fauteuils dentaires, du matériel médical de toutes sortes.
Après un bref historique, Sophia nous explique le fonctionnement :
« Au tout début, nous dit-elle, ce local n’existait pas. La pharmacie-dispensaire avait été ouverte sur une place dans un tout petit appartement. Mais dès que « les Solidaires » de Lorraine en France ont proposé de payer la moitié de notre loyer, l’autre moitié étant payée par « les Solidaires » en Allemagne, il a été possible de déménager et d’avoir un espace plus digne pour recevoir les gens qui fréquentent ces lieux.
Toutes les personnes qui travaillent ici sont bénévoles. Nous sommes plus de 130. Les soins ainsi que les médicaments sont offerts gratuitement aux personnes qui en ont besoin. Il y a une trentaine de dentistes. Un très grand nombre de personnes viennent ici pour des soins dentaires, parce que ceux-ci sont très chers quand on n’a pas de couverture de santé. Les patients qui viennent ici sont des personnes qui n’ont pas accès aux services de santé publique parce qu’ils ne sont plus couverts par la sécurité sociale à cause du chômage [3]. Même ceux qui ne sont pas chômeurs, qui continuent à avoir un petit magasin ou une petite entreprise ou autre, n’ont pas la possibilité de payer pour avoir cette sécurité sociale. Beaucoup d’entre eux sont commerçants, certains sont ingénieurs civils. Il y a même un pharmacien qui a dû fermer son officine. Ils sont vraiment dans une situation lamentable.
Outre les dentistes, travaillent ici deux ou trois psychiatres, des psychologues, toutes les spécialités de médecins, gynécologues, cardiologues, endocrinologues.
À la pharmacie on travaille trois jours par semaine, le lundi, le mardi, et le vendredi. Il y a quatre collègues avec qui on partage les gardes. On ne demande pas au gens de papiers justifiant leur situation économique. Si ce sont des patients qui viennent se faire traiter par les médecins, pas question de demander quelque chose. S’ils viennent juste pour des médicaments on leur demande leur ordonnance. Elle doit être récente. Ce qu’on demande aussi c’est le livret qui indique qu’ils étaient couverts par la sécurité sociale dans le passé, juste pour être en position d’offrir des services à un maximum de patients.
Tout ce que vous voyez ici dans cet espace sont des dons de personnes, d’individus, de syndicats, de Grèce ou d’ailleurs, de France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie, d’un peu partout. Les deux fauteuils de soins dentaires viennent de dentistes à la retraite maintenant. C’est la même chose pour les autres cabinets. Il y a des gens qui viennent tous les jours avec leur petit sac de médicaments qui ne leur servent plus. On accepte toujours les emballages non périmés qui peuvent encore être utilisés. Le principe, la philosophie, c’est la solidarité. Nous agissons avec les autres cliniques sociales pour sensibiliser la société ici et ailleurs et créer des réseaux de solidarité des individus ou des groupes vers les bénévoles qui travaillent dans les cliniques sociales. Nous nous partageons cette solidarité, ce réseau continu avec les patients qui viennent ici demander des services.
Cette clinique a commencé au mois de février 2013, et depuis le début on a accueilli de 14 000 à 15 000 personnes. Ça augmente. Il y a de plus en plus de pauvres et ce qui vraiment contribue à cette augmentation, c’est le nombre de réfugiés qui se trouvent dans des camps à la périphérie d’Athènes, parce que parmi ces patients ce sont des réfugiés, des sans-papiers, des immigrants, mais dès que ces lieux – les centres d’accueil de réfugiés – ont fonctionné, il y a deux ou trois mois, on a commencé à contribuer aussi à leur fonctionnement, ayant des docteurs et des pharmaciens qui sont de garde sur place. Par exemple aujourd’hui je finis ma permanence ici et puis je me rends à Galatsi où il y a des réfugiés qui viennent d’Afghanistan et du Pakistan. À Eleonas ce sont surtout des Syriens. Et le besoin de services sanitaires et de médicaments est inimaginable. Ce sont aussi des activités qu’on a entreprises. Ça demande beaucoup d’énergie. Ici il y a des gens qui viennent, montrent leur prescription, reçoivent les médicaments, ils se font traiter par les médecins, puis ils partent et reviennent, ça devient contrôlable, mais dans ces camps, ça devient horrible. Des tragédies se cachent derrière chaque personne. Il y a surtout des jeunes, des jeunes gens. L’autre jour j’étais à Galatsi, il y avait 1400 réfugiés arrivés de Lesbos et ils avaient des besoins urgents, c’était pas seulement à cause du froid, ce sont des jeunes personnes, beaucoup de petits enfants, des bébés, des personnes qui avaient une pneumonie, des maladies dermatologiques. Ils dorment dehors, par terre, et sont très affaiblis par leur voyage de chez eux jusqu’ici. »
SMG/USP : On a peur des épidémies ?
Sophia : C’est une peur qui est relayée par les médias. Mais écoutez, ce sont des gens qui viennent de pays où le niveau de la santé est élevé.
Ceux qui viennent d’Afghanistan c’est différent. Ils sont très jeunes aussi. La question des épidémies… Ils se font examiner en tout cas après leur entrée dans le pays, pour le sida ou pour autre chose.
SMG/USP : Est-ce que les personnes qui utilisent ce centre ici comme lieu ressource en comprennent la signification politique et participent petit-à-petit à son fonctionnement ?
Sophia : Dès le début on a voulu faire un travail politique, sensibiliser les gens, les orienter. Parfois ils deviennent très agressifs. Nous leur expliquons que nous sommes bénévoles. Nous ne nous substituons pas à l’État. C’est la responsabilité du gouvernement d’offrir ce genre de services. Parfois on les invite à participer à des manifestations. Il y en a quelques uns mais très peu qui acceptent de participer, de protester. Chacun est vraiment centré sur ses propres besoins. Ils reçoivent ce dont ils ont besoin puis ils partent vite vite. Ils n’aiment pas en parler, montrer leur situation. Pour eux c’est la honte. Ils ont un sentiment de perte de dignité, d’estime de soi. Ce sont des gens qui appartiennent à l’ex-classe moyenne, puisqu’il n’y a plus de classe moyenne en Grèce en ce moment. Il n’y a que des pauvres et des riches qui eux sont très très riches, peu nombreux.
Quinze mille personnes ont déjà été accueillies ici mais chaque mois il y a plus de 500 personnes, près de 600, ça dépend de la saison, l’hiver il y en a davantage, sans compter ceux qui viennent pour des médicaments, de lundi jusqu’à vendredi de onze heures du matin jusqu’à 18h. La pharmacie, elle, n’est ouverte que trois jours par semaine lundi mardi vendredi pendant deux heures ou parfois plus. Les médecins peuvent avoir leur propre cabinet ou travaillent dans des hôpitaux. Cela facilite les choses dans les cas où les gens ont besoin de se faire examiner à l’hôpital. Il y a quelques mois il était interdit d’accueillir ces gens sans sécurité sociale dans les hôpitaux. Mais de cette façon on trouve le moyen de les accueillir.
Est-ce que cet assouplissement fait suite au changement de gouvernement ?
Le gouvernement a trouvé une situation impossible. Ils encouragent en ce moment ces initiatives. Hier j’ai écouté le ministre de la santé, il parlait de ce qu’ils veulent faire immédiatement si c’est possible, donner à tout le monde la possibilité, couvert ou non couvert par la sécurité sociale, d’être accepté dans les hôpitaux. Ils ont déjà commencé à faire des pas, maintenant les gens n’ont pas à payer les cinq euros [4], mais il a reconnu l’ importance de ces initiatives des bénévoles, des cliniques, il a montré très clairement qu’il serait important de continuer jusqu’au moment où les hôpitaux seront en position de couvrir tous les besoins, et il a parlé des modèles que sont les cliniques, des structures dans chaque quartier, où les gens pourraient recevoir des soins de santé primaires, des soins de base.
Il y a apparemment beaucoup de spécialistes. Y a t-il des médecins généralistes aussi ?
Oui. Il y a deux médecins généralistes. Il y a beaucoup moins de généralistes que de spécialistes.
Comment fonctionne le système de santé, est-ce que les médecins généralistes ont beaucoup de difficultés à être payés ? Comment ça se passe pour ceux qui ont la sécurité sociale et qui vont voir leur généraliste ?
Ceux qui sont couverts par la sécurité sociale paient un pourcentage si les médecins sont conventionnés. Mais s’ il y a des médecins qui travaillent pour eux-mêmes, ils doivent être payés. Je me souviens quand j’étais plus jeune, il n’y avait que des généralistes à qui on faisait confiance. Maintenant on s’oriente davantage vers les médecins très spécialisés, ce qui rend les choses très difficiles je crois. C’est le généraliste, s’il se rend compte que le patient devrait être examiné plus en détail, qui conseille de consulter un médecin plus spécialisé.
Quel est le pourcentage du remboursement chez le généraliste ?
Je peux vous donner le pourcentage de remboursement des médicaments : par exemple 25 % c’est le maximum, ça peut n’être que 10 % ou 0 % pour le cancer par exemple. Pour les médecins c’est la même manière de compter.
Est-ce que dans le discours du ministre il y avait l’idée de créer une assurance maladie universelle avec un financement solidaire ?
Je crois que c’est une des questions qui se pose. On est tellement occupés par cette Troïka [5] qui est en visite ces jours-ci pour la capitalisation des banques qu’on n’a plus le temps de parler de la santé des gens, du bien-être des gens ! Ça me met en colère ! L’essentiel leur échappe. J’espère, en tout cas, qu’on va faire pression dans ce sens, qu’on va avoir des propositions très concrètes sur le plan de la santé, des médicaments, de la couverture médicale. Mais aussi sur la structure. Parce qu’on ne peut pas continuer à exister comme bénévoles. Nous recevons des boîtes de médicaments déjà entamés et les offrons à des gens qui devraient avoir des médicaments comme tous les gens partout dans le monde, dans la dignité.
Aujourd’hui il n’y a plus de statine [6]. Il y a une demande très grande. On travaille au jour le jour. Il y avait une dame qui avait besoin de statine 20 mg. On en avait en 10 mg. Alors on lui a expliqué qu’elle pouvait prendre deux comprimés de dix. Ça devient problématique parfois, parce que parmi les gens qui viennent certains sont des sans-abri qui ont une psychologie très spéciale et on n’est pas sûr, si on leur conseille telle ou telle façon de prendre les médicaments, qu’ils vont le faire.
De quoi avez vous le plus besoin en ce moment ?
Grâce à tous les gens qui offrent ou envoient des médicaments, on a un stock pour dix jours, dans dix jours il faudra le renouveler. Les médicaments pédiatriques deviennent une urgence. À Galatsi beaucoup d’enfants ont la fièvre, sont déshydratés, ils souffrent de pneumonie. On a besoin d’antibiotiques, de paracétamol, des médicaments pour les enfants.
Est ce qu’on peut vous envoyer des paquets postés ?
Oui c’est possible. On en reçoit d’Allemagne, de Belgique, de France.
En terme de réception il y a un endroit unique où envoyer les médicaments. Comment ça se répartit ?
Si vous voulez partager entre plusieurs dispensaires, il y en a seize, tout le monde a besoin de médicaments, alors là c’est la Solidarité pour tous [7] qui reçoit, leur bureau assure la coordination. Mais ce qui se passe ici chez nous c’est directement. Il y a des solidaires qui envoient ici des choses, qui connaissent des gens. Ce qu’on fait, parce qu’on est toujours en contact avec les autres cliniques, c’est qu’on se rencontre une fois par mois, la commission représentant toutes les cliniques se rencontre. On se parle des besoins, des manques. On fait des échanges.
Sur l’Attique ou sur toute la Grèce ?
Ici ces commissions dont je vous parle c’est sur l’Attique. Une fois par an c’est la réunion des cliniques. Ça dépasse cinquante cliniques.
Est-ce que vous avez besoin de matériel de stérilisation ou utilisez-vous du matériel à usage unique ?
On ne fait pas de chirurgie. On a un chirurgien, mais il exerce dans un hôpital. On va recevoir des équipements de gynéco qui viennent des hôpitaux suisses qui n’en ont plus besoin, peut-être en ont-ils des plus modernes, mais ça marche. Ça se passe comme ça.
Est-ce que vous vous servez de l’insuline ?
On ne fait pas d’examen de laboratoire. On est en train d’organiser un petit centre pour des examens de base, pas des choses très spécialisées. Pour l’insuline on a deux frigos. On a toujours des offres. Ce qui manque ce sont les vaccins, on n’en trouve plus. Même dans les pharmacies.
Est-ce que l’exercice de l’accompagnement des patients dans ces conditions entraîne une réforme du contenu de l’enseignement en pharmacie, en médecine, en soins infirmiers ? Est-ce qu’il y a un regard différent de la société et des maîtres sur le contenu de l’enseignement, et est-ce que vous pouvez peut-être nous parler du bilan de l’audit de la dette ?
Je crois que jusqu’à maintenant ce n’est pas visible. Ce changement n’est pas visible. Nous-mêmes, nous ne sommes pas en mesure d’absorber et de transmettre. Parce que, paraît-il, c’est trop tôt pour en parler. À ce qu’il paraît, tout le système de santé sera fondé sur des expériences comme celle-là. Mais parlant de la dette, j’ai participé à cette commission. On a eu un rapport préliminaire au mois de Juin. C’est un texte très utile à mon avis, très solide et bien argumenté, ça pourrait être un argument fort pour le gouvernement quand il va se mettre autour de la table avec ses partenaires européens pour discuter de la dette en Grèce [8] parce que là on a examiné la période 2010 jusqu’à 2012. Dans ce rapport, c’est très clairement noté, c’est tout à fait visible et bien argumenté, comme je vous ai dit, que c’est une dette insoutenable, illégitime, illégale, odieuse. Mais vraiment j’espère que le 1er ministre en ce moment parle de ça. La dette c’est la question principale à discuter à un niveau international. J’espère qu’il va vraiment rendre compte de ce travail qui est un modèle.
Au niveau de l’enseignement, notamment en médecine, est-ce que ce sont essentiellement les spécialistes hospitaliers qui font cet enseignement, ou est-ce que c’est tout le monde ? Comment ça se passe ? Et est-ce que ça vous intéresse qu’on vous envoie des documents par internet (par exemple moi j’ai plusieurs enseignements qui s’appellent santé et précarité, les problèmes de santé liés à la pauvreté), est-ce que ça vous intéresse qu’on vous les envoie ?
Oui, toute information est vraiment la bienvenue. Ça peut être très utile. Je ne peux pas vous répondre sur l’enseignement dans les hôpitaux. Je suis pharmacienne. J’ai une pharmacie privée. Je n’ai pas travaillé dans le public, mais je pense qu’il y a des enseignants de l’université qui travaillent dans les hôpitaux. C’est-à dire qu’il y a deux sortes d’enseignants de médecine, ceux qui sont dans le privé et qui travaillent dans les universités et ceux qui travaillent dans les hôpitaux.
Nous, en tant que médecins généralistes, on reçoit des étudiants en médecine dans notre cabinet, est-ce que l’idée ça ne serait pas d’inclure des étudiants grecs en pharmacie et en médecine dans vos dispensaires pour voir ce qui s’y passe et valider ces stages avec l’université ? Pour l’avenir ça serait peut-être intéressant.
Oui c’est très important et très intéressant. En Grèce on a ce sentiment mais je pense que c’est partout en Europe, tous les peuples en Europe. Il y a cinq ans on était des personnes tout à fait différentes, chacune de nous. Aujourd’hui, on a dû changer. Nous ne sommes plus les mêmes personnes.
Quand nous changeons tous les jours, l’environnement devrait être changé aussi. C’est très important que tous ceux qui sont dans ce mouvement de solidarité forment leur entourage à avoir la responsabilité de ce qui va se passer, de la politique, de ce qui va se passer au niveau de la santé. Mais je dois vous quitter…
Le SMG/USP fait un don de 1750 euros pour la coordination des dispensaires. Sophia nous remercie au nom de tous les bénévoles et rajoute : « Il y a des personnes qui viennent et achètent des petits sacs de cinq euros, c’est très important pour nous, ça nous permet d’acheter des médicaments et même des vaccins ».
On est en train d’apporter quelque chose moi je me demandais si vous, vous n’avez pas quelque chose à nous transmettre. Quelle leçon pouvez-vous nous donner ?
Oui, j’ai quelque chose à dire. C’est très clair. Il n’y a rien d’acquis… On s’est battu quand j’étais étudiante, dans ma jeunesse, on a mené des luttes, après il y a eu la dictature et puis il y a eu le mouvement féministe et ensuite c’était vraiment confort. On est arrivé à un point où on s’est dit, bon on est arrivé. Il n’y a que des détails. Il n’y a que des petites choses que l’on pourrait améliorer mais vraiment d’un jour à l’autre c’est très très possible. Ça arrive comme c’est arrivé ici. Tout peut changer, tout peut être renversé, et vraiment se trouver au milieu de nulle part c’est une situation très très spéciale. Je ne peux pas vraiment décrire le sentiment. Un jour on a sa vie, son travail, les personnes aimées, la famille et puis le lendemain c’est tout à fait changé, il n’y a rien, il n’y a personne. Il y a aussi cette situation de politique d’austérité et de pauvreté chez les gens, des choses telles qu’on ne pouvait pas les imaginer. La violence dans les familles a augmenté de 50 %. C’est pas forcément physique, mais c’est verbal. Les enfants absorbent ça. On ne pouvait pas imaginer que 21 % des enfants dans les écoles dans certains quartiers d’Athènes n’auraient pas de repas pendant deux ou trois jours. On n’aurait pas imaginé que les enfants ne pourraient pas se faire vacciner parce que leurs parents ne sont plus couverts par la sécurité sociale et ne peuvent pas acheter les vaccins qui sont chers, ils laissent les enfants comme ça. On ne pouvait pas imaginer qu’à peu près 60 % des femmes seraient au chômage et que même celles qui continuent à travailler ou qui travaillent très peu de temps pendant la semaine, elles ont dû accepter cela et ne sont pas protégées par la législation, elles reçoivent un salaire, de 300 ou 350 euros, ou parfois elles ne reçoivent pas de salaire, mais si elles travaillent dans un supermarché par exemple c’est le propriétaire qui dit OK je ne peux pas vous payer votre salaire, mais vous pouvez avoir tout ce que vous voulez [dans le magasin] au lieu de recevoir votre salaire. Des échanges de cette sorte, c’est très humiliant, très problématique pour les gens, on ne pouvait pas imaginer qu’une telle situation pouvait se présenter dans ce pays qui est un pays européen civilisé, que des gens, comme ils n’ont pas accès à leurs médicaments, à leur service de santé, souffrant de cancer par exemple, des diabétiques, parfois refusent de continuer à chercher, à s’humilier encore plus, ils s’abandonnent et ils meurent. Et comme c’est une guerre économique on a des morts. On perd la vie à cause de l’absence d’accès aux médicaments. Alors « rien n’est jamais acquis ! » J’aime beaucoup ce poème d’Aragon[9].
2. Le dispensaire d’Helliniko
D’une conception proche de celle de la clinique sociale créée au centre d’Athènes, celle d’Helliniko bénéficie de plus d’espace. Les locaux, situés à l’emplacement d’un aéroport américain désaffecté, sont prêtés par la municipalité. Le dispensaire fonctionne sans hiérarchie. L’absence de contrôle en ce qui concerne la présence des bénévoles n’a aucun effet sur la régularité de celle-ci. « Tout le monde arrive à l’heure », nous dit Véra, une psychologue francophone qui passe de longues heures dans le dispensaire d’Helliniko.
SMG/USP : Alors pourquoi ça ne marche pas dans le service public ?
Vera : Il y a souvent du piston ; le directeur est ami de untel donc on ne formule pas de critique. Du coup il y a un système de piston généralisé. Par exemple il y a des gens qui se servaient du matériel public pour leur besoin privé. Et puis il y avait du matériel qui était acheté inutilement et qui était stocké dans les caves. Les médecins touchaient une commission. Mais il y a aussi des gens dans le service public qui travaillent correctement et sans compter. Aussi ils sont épuisés. Symptôme de dysfonctionnement : l’hôpital voit arriver des gens qui pourraient être pris en charge par le niveau de soins primaires.
Finalement l’existence des dispensaires sociaux a incité le gouvernement à rétablir le système primaire et à accueillir des gens sans sécurité sociale. Quand quelqu’un nous demande un service, nous le poussons à se présenter à l’hôpital et à demander pourquoi on ne l’accepte pas, même si cette personne est sans papiers. Les médecins libéraux ont un plafond au-delà duquel ils ne peuvent accepter des gens sans papiers. Alors ils disent que le plafond est dépassé. Nous faisons pression à tous les niveaux.
Le ministre de la santé avait proposé que les gens sans papiers soient acceptés dans les hôpitaux avant l’été. Le problème c’est que la Grèce n’a pas un type de fonctionnement qui permette une indépendance. C’est la même chose pour les écoles. Beaucoup de professeurs après la classe donnent des cours bénévolement. Le système grec d’éducation pâtit de la crise. Il y a eu beaucoup de licenciements de professeurs. Il y a un grand nombre d’élèves par classe. Le système part en déliquescence. Ce qui encourage un système privé. Il y a des professeurs sans emploi qui trouvent du travail dans le système privé.
SMG/USP : Avez vous des liens avec Solidarité pour tous ?
Vera : Solidarité pour tous organise la coordination des dispensaires sociaux et essaie de coordonner un certain nombre d’initiatives, mais nous n’avons pas de relations structurelles avec eux. Trois personnes vont régulièrement à la réunion de la région d’Attique. Les dispensaires ont des origines très diverses, certains sont des créations de partis politiques, d’autres des créations de quartier. Nous voyons beaucoup de différences entre nous. Cela nous influence mais nous ne faisons pas pression pour une homogénéisation.
Pour en venir à l’argent, certains dispensaires acceptent d’en recevoir alors que nous c’est la municipalité de Hellinikon qui nous a fourni les locaux. Depuis les dernières élections celle-ci est plus à droite. C’est la Nouvelle Démocratie qui a été élue et on n’a plus les clefs des autres bâtiments.
Comment fonctionnez-vous ?
Nous avons un système, une coordination élue de 10 personnes (médecins, pharmaciens, soignants, secrétaires). Chaque secteur a un groupe qui gère le quotidien par exemple, les problèmes au secrétariat ou sur internet. Tous les mois nous tenons une AG, plus politique. Nous préparons les décisions sur internet. On essaye de synthétiser.
Le dispensaire est ouvert de 10 h à 20 h. Les patients doivent montrer qu’ils sont sans revenus. Mais ces dernières années nous acceptons également des gens qui ont des revenus quand ceux-ci sont insuffisants. Une équipe contrôle l’accès. Il y a des consultations pour toutes les spécialités. Les patients viennent de tous les quartiers de la ville. Soixante laboratoires acceptent des patients. Nous sommes en relation avec d’autres cliniques sociales. Si l’une d’entre elle manque d’un médicament, si on l’a, on le lui donne. Dans le système public les gens sans argent peuvent consulter le médecin sans payer, mais pour le reste ils doivent payer. La médiatisation a aidé à ouvrir les portes des hôpitaux. Les laboratoires ne donnent pas beaucoup de médicaments. Nous, nous donnons des médicaments pour le cancer.
L’organisation de la pharmacie demande un grand travail de classement (il s’agit de classer, de vérifier le contenu des boîtes et les dates de péremption de tous les médicaments qui proviennent de dons individuels faits par des patients ou des personnes qui n’en ont plus besoin). 70 volontaires se relayent pour cette seule tâche. Bien sûr une telle pratique est illégale. Dans ces locaux 1000 consultations sont effectuées par mois.
Le Dr Vichas, cardiologue bénévole, effectue ses consultations dans une petite salle dont le matériel a été fourni par des allemands. « En général, nous dit-il, la pharmacie est bien approvisionnée mais on est souvent à court de médicaments pour le traitement du cancer, et de vaccins pour les enfants ». En dehors des heures de travail qu’il effectue à Helliniko, ce cardiologue travaille dans une structure de soins primaires, pas en libéral. Il évoque le grand manque de médecins, le manque de matériel, les problèmes de chauffage.
On a supprimé beaucoup de lieux de soins intensifs. La qualité des soins dans le public a énormément diminué. Il nous confirme qu’il y a une attente de cinq mois pour pouvoir bénéficier des soins. C’est le cas également des cancéreux. L’ensemble des hôpitaux à partir du mois de Juin n’avait plus rien en caisse.
Les effets de cette situation de restrictions sont considérables. À partir de 2012-2013 la mortalité a augmenté notamment chez les nourrissons, et ces deux dernières années le taux de natalité a fortement baissé. Les jeunes couples ne font pas d’enfants pour la première fois depuis 2012. Le taux de mortalité est supérieur à celui des naissances, ce qui n’est arrivé qu’une seule fois depuis 1931, pendant la seconde guerre mondiale.
Le Dr Vichas est membre de l’association athénienne des organisations de médecins. Il a soumis une proposition qui a été acceptée par la majorité : que des patients sans couverture sociale puissent être accueillis dans les hôpitaux.
Vera, que nous retrouvons avant notre départ, nous explique que les bénévoles essaient d’inciter les patients à participer d’une façon ou d’une autre au fonctionnement du dispensaire, qu’il s’agisse d’un coup de main dans l’aménagement matériel ou la gestion de la pharmacie ou même la participation aux réunions. Grâce aux bâtiments mis à leur disposition par la mairie quelques manifestations peuvent se tenir pour amener un peu de convivialité, telles que fêtes, concerts, repas, ou un peu d’argent grâce a des brocantes ou ventes d’objets artisanaux divers.
La pérennité de ces lieux est en question. Il n’est pas certain que le dispensaire puisse profiter de la mise à disposition de ces bâtiments encore longtemps. Il y aurait un projet d’aménagement de l’espace pour créer un centre de loisirs destiné à attirer les touristes, inspiré de ce qu’on peut trouver à Dubaï !
3. Le dispensaire d’Halandri
Accompagnés d’Eugenia, notre interprète, nous arrivons dans un quartier plutôt bourgeois. Nous sommes accueillis dans le dispensaire par deux bénévoles, Ninetta et Litsa. L’une d’entre elles est psychologue, elle travaille le matin dans une école privée (les écoles publiques n’emploient pas de psychologue) et en libérale. Elle assure des permanences ici depuis la création du dispensaire le 23 mars de l’année 2015.
SMG/USP : Halandri, c’est plutôt un beau quartier. Aujourd’hui combien y a t il de patients inscrits ?
N/L : Traditionnellement habité par des gens de la classe moyenne , ce quartier est en voie de paupérisation du fait de l’austérité. Ce sont des nouveaux pauvres, comme on dit, ce qui fait qu’il y a de plus en plus de consultations dans ce dispensaire. Nous avons environ 200 patients qui viennent. Le nombre de consultations est de 350. La différence vient du fait que chacun voit plus d’un médecin et vient plus d’une fois, sans compter les soins dentaires qui ont commencé il y a quinze jours seulement. Le nombre de consultations est en augmentation du fait de la présence d’un camp de Roms non loin de là et de l’installation récente du cabinet dentaire. Il y a déjà 25 patients en attente pour les soins dentaires.
Samedi et dimanche il y a eu un grand bazar, où ont été conviés des artisans qui font des vêtements, des bijoux, des tee-shirts, des objets artisanaux. Ils ont fait une présentation sur la place de Halandri. La personne qui l’a organisé n’a pas touché l’argent qu’elle touche habituellement pour cette activité, elle l’a donné au dispensaire. Donc pendant ces 2 jours beaucoup de personnes sont passées, on a distribué 3000 brochures, on a fait des roulements toute la journée. On espère beaucoup en retour, on a parlé à beaucoup de gens qui ont envie de venir nous aider.
SMG/USP : Et que dit la brochure ?
Eugenia : Dispensaire social solidaire d’Hallandri. La santé est un bien social. Le dispensaire offre une médecine primaire et des soins pharmaceutiques à tous les citoyens sans couverture sociale qui en ont besoin, indigents, chômeurs, sans distinction. C’est une initiative de citoyens et de médecins et d’autres spécialistes de la santé qui veulent contribuer à changer la vie quotidienne de tous les gens qui souffrent de la crise humanitaire, économique et sanitaire. C’est un collectif qui est convaincu que la santé est un bien social et non pas une marchandise. C’est l’expression d’une société qui est sensible et solidaire, vivante et optimiste, avec plus de 100 bénévoles, des médecins de toutes les spécialités, des psychologues, pharmaciens, assistants sociaux, infirmiers, sages-femmes, beaucoup de bénévoles pour le secrétariat. Ces gens offrent leur temps, leurs connaissances gratuitement sur la base d’un principe solidaire, d’une offre réciproque. C’est pourquoi le fonctionnement dépend exclusivement de la disponibilité des membres, de leur apport bénévole, de leur détermination à apporter des solutions à travers la participation, le travail collectif et la solidarité. Les décisions sont prises en assemblée, à laquelle participent de façon équitable tous les bénévoles qui travaillent dans le dispensaire, et celui-ci fonctionne grâce au soutien matériel et moral d’un réseau, qui s’appelle Solidarité pour tous. Solidarité pour tous soutient, outre les dispensaires sociaux, des structures d’aide alimentaire, d’aide au logement, d’aide aux réfugiés et d’aide à l’éducation par du soutien scolaire, toutes structures d’initiative sociale pour la solidarité. Les soins sont systématiquement gratuits.
N/L : Ce qu’on voudrait, ce qu’on veut ne se limite pas aux soins. On essaie de parler avec les gens qui viennent ici, de les connaître et pas seulement de leur donner des médicaments. On essaie de savoir aussi s’ils ont d’autres besoins et en même temps de voir s’il y a la possibilité qu’ils viennent nous aider. Pour nous c’est très important de tenter de les mobiliser, pas seulement parce qu’on a besoin d’eux, mais aussi parce que c’est bien pour eux, pour qu’ils ne se sentent pas si seuls. Il y a des gens qui souffrent énormément, qui restent enfermés, qui sont désespérés, on essaie de les sensibiliser ; quelqu’un peut venir pour peindre un mur, transporter une bibliothèque ou aider à trier les médicaments.
Et c’est peut-être plus difficile dans un quartier comme celui – là parce qu’ils ont honte du fait qu’ils viennent d’une classe plus aisée ?
N/L : Oui, peut-être. On connaît quelqu’un qui est venu ici et qui était au chômage et qui pendant six mois n’en a rien dit à sa famille. Il s’habillait tous les jours et mettait son costume pour aller soi-disant travailler.
Est-ce qu’il y a des hommes bénévoles ?
N/L : Il y a très peu d’hommes à part les médecins. Les gens qui viennent pour aider sont surtout des femmes ! On essaye d’encourager les hommes à venir.
Les hommes revendiquent et les femmes travaillent ?
N/L : Les femmes revendiquent et travaillent en même temps !
On dit que les églises développent des œuvres sociales. Ont-elles des dispensaires ?
N/L : L’Église n’a pas de dispensaire. Elle peut aider à certains endroits où elle offre des repas.
Qu’en est-il d’Aube dorée (un parti d’extrême-droite) ? Ils ont dit dans un reportage qu’ils faisaient des distributions de repas.
N/L : Peut-être ils le disent, mais je ne sais pas si c’est vrai. Peut-être aussi qu’ils le font mais c’est pour la mise en scène, juste le temps d’être filmé. Nous, on sait que ce sont des criminels. Ils sont poursuivis. Il y a des gens qui font partie de la pègre. La plupart sont en liberté provisoire, du moins la direction du parti. Tout ça a éclaté après l’assassinat d’un jeune rappeur. Avant ils agissaient, ils terrorisaient les étrangers … Cet assassinat a poussé le gouvernement à bouger. La droite a essayé de ménager l’extrême – droite qui n’est pas forcément criminelle mais qui aurait tendance aussi à aller dans ce sens et elle n’a pas vraiment démasqué tout ça. Cela s’est passé aux alentours du Pirée, du côté du port.
Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, est-ce que les choses ont changé, un petit peu ?
N/L : Il y a des choses qui ont été faites, mais un vrai changement, on n’a pas encore vu ! Je pense que c’est très difficile parce qu’ils ne peuvent rien faire. La Troïka ne laisse pas faire quoi que ce soit même si cela n’a pas d’impact budgétaire. Le ministre des affaires sociales voulait organiser une sorte de collecte pour récupérer de l’argent pour que les écoles puissent donner un petit déjeuner aux enfants qui n’ont pas à manger. On le lui a interdit parce que tout cela est considéré comme une action unilatérale. Même si cette action n’avait rien à voir avec le budget de l’État, ils n’ont pas laissé faire. Normalement, ici, avant toute mesure, le gouvernement doit consulter la Troïka et la décision doit être prise par les deux parties. On ne peut prendre de mesure de façon unilatérale. En ce moment le gouvernement de gauche ne peut pas mettre en pratique le programme qu’il avait lancé. Ils sont contraints de voter les lois que veut la Troïka et qui vont mettre en œuvre les objectifs. C’est à cette condition qu’on reçoit le financement. On ne peut pas toucher les deux milliards parce qu’il y a toute cette série de mesures (il y en a une centaine) alors même que le gouvernement dit que 90 des mesures ont déjà été prises et votées. Celles-ci sont très diverses et concernent aussi bien la réforme de la sécurité sociale que les créances douteuses, ces prêts qui ont été accordés par les banques aux gens qui ne peuvent plus rembourser leur dette. Tant que cent pour cent de ces mesures n’ont pas été votées il n’y a pas de déboursement de prêt. On attend le premier versement. Il était normalement de trois milliards, mais le versement de trois milliards va être scindé en deux parties, deux milliards et un milliard. Les deux milliards, on ne les a toujours pas reçus.
Comment peut-on vous aider ?
N/L : En informant, en disant qu’on ne lâche pas les armes, que des résistances se manifestent partout en Grèce sous toutes les formes, syndicales, sociales, à travers des structures comme la nôtre. Il y a même un mouvement qui s’oppose à la réouverture de mines dans le nord.
Tout d’abord informer les Français de cette situation. C’est très important pour nous que les gens sachent ce que nous vivons et faisons.
De plus, du fait qu’on se trouve en bordure de l’Europe à la frontière des pays d’où viennent des réfugiés, on est face à un chantage. Ils risquent de nous donner des fonds pour qu’on garde les réfugiés chez nous.
Une autre chose pourrait être faite : des campagnes de soutien pour toute action matérielle et économique, et l’envoi de fonds, pour les missions de bénévoles aux frontières ou dans les îles qui accueillent les réfugiés. Un de nos bénévoles est allé au nord de la Grèce à la frontière pour aider. L’aide financière est venue par Solidarité pour tous qui avait reçu une aide d’un groupe solidaire allemand.
On a des ressources humaines. Ceux d’entre nous qui ont quelque chose, ils le partagent. Mais pour être efficace, on a toujours besoin d’être aidés sur le plan matériel. Par exemple pour le seul fonctionnement d’ un cabinet dentaire on a besoin de 350 euros en matériel par mois.
Est-ce que vous pouvez nous donner quelques exemples concrets de situations particulièrement significatives qui pourraient nous aider à témoigner de ce qui se passe ici ?
N/L : La délégation des dispensaires sociaux avait rencontré le ministre actuel de la santé qui leur avait promis l’accès de tous les patients, avec ou sans couverture sociale, aux hôpitaux et à la médecine primaire. Un arrêté ministériel a donc été signé par le ministre de la santé qui exprime la volonté de tous, mais cet arrêté n’est signé, ni par le ministère des finances ni par le gouvernement, parce que la Troïka l’interdit.
Un autre exemple. Il y a eu au mois de Juillet la visite de Monsieur Harlem Désir au ministère de l’agriculture. Il y avait un repas à l’ambassade de France avec des importateurs de viande bovine française. La Grèce est un gros importateur de viande bovine de France. Le problème c’était que la TVA était passée de 13 % à 23 % contrairement à la volaille et à la viande porcine qui étaient restées à 13 %. Et qui exporte la volaille et la viande porcine ? Les Pays-Bas et l’Allemagne. Le deal était le suivant : en gros, on vous aide, faites en sorte que la TVA repasse à 13 % ! Et un peu plus tard on a appris à la télévision qu’une TVA de 23 % était imposée à l’enseignement privé qui n’était pas taxé jusque là. Le problème c’est que ça touche l’enseignement privé y compris les crèches, dans lesquelles la classe moyenne envoie ses enfants pour qu’il puisse les préparer à l’examen d’entrée à l’université parce qu’en Grèce on a des examens d’entrée à l’université. La Troïka ne dit pas de prendre l’argent ici ou là. Elle donne simplement des objectifs globaux et si on supprime un impôt quelque part il faut trouver l’équivalent ailleurs. Finalement il y a eu un deal entre la viande et l’enseignement privé. Le gouvernement avait essayé de réduire un petit peu la TVA mais ça n’a pas été accepté.
Un autre exemple c’est le ticket modérateur. Celui-ci a été supprimé par le gouvernement et on parle de le rétablir parce que c’est considéré comme une décision unilatérale .
Sophia nous a parlé tout à l’heure de l’augmentation de la violence intra-familiale. Est-ce que vous avez constaté le retentissement de celle-ci sur le développement de la personnalité des enfants ?
N/L : Évidemment c’est un gros problème. On vit une crise de la classe moyenne et de la petite classe moyenne. En principe on soigne bénévolement et gratuitement les gens qui sont sans boulot et sans revenu. Et ça c’est un problème. Moi je travaille, J’ai 400 euros par mois et on vit à trois sur ce revenu. Je ne peux pas payer pour le service d’un psy ou autre service dont je pourrais avoir besoin, ce n’est pas remboursé, c’est considéré comme un luxe. Il y a de la violence dans les familles. Violence des plus forts en direction des plus faibles. Les jeunes ne peuvent pas quitter la maison pour fonder une famille parce qu’ils n’ont pas de boulot et puis il y a ceux qui avaient quitté la maison mais qui reviennent parce qu’ils ont perdu leur travail.
Je suis psychothérapeute et je m’occupe des gens en deuil ou qui souffrent de maladie. Je vis très mal. Je fais beaucoup de bénévolat parce que ce n’est pas possible autrement, mais il faut payer le loyer ! Heureusement il y a le bénévolat ! On espère garder la santé, la santé physique mais la santé mentale aussi.
Au cours de cette discussion le SMG a rappelé la collecte dont le fruit a été donné par l’intermédiaire de Sophia à Solidarité pour tous, et a indiqué que l’un de ses membres, spécialisé dans la logistique et le transport, est en discussion en ce moment avec Solidarité pour tous, pour essayer de connaître les besoins en matériel. Il a indiqué d’autre part, qu’un convoi de médicaments est parti de Nîmes, mais ce n’est pas simple parce que pour chaque passage d’un pays à l’autre il faut une autorisation, notamment pour le passage en Italie et l’arrivée en Grèce.
Le SMG souligne l’intérêt de l’action du collectif de Nancy qui consiste à payer 50 % du loyer du dispensaire du centre d’Athènes.
L’USP annonce la mise en place d’un réseau européen pour une santé mentale démocratique.
Ninetta et Litsa rappellent que même si l’aide matérielle est nécessaire, le fait que celle-ci se fasse dans le cadre de
4. La pharmacie sociale de Vyronas
Si le dispensaire du centre d’Athènes ainsi que celui d’Helliniko ont mis en place une structure d’accueil avec cabinet de soins, pharmacie et permanences de soignants, ce qui exige un espace et un investissement matériel conséquent, d’autres ont été organisés à partir d’une mise en réseau des moyens existants. C’est le cas de la pharmacie sociale de Vyronas dont le chef d’orchestre est Dimitri Souliotis.
Dimitri Souliotis, nous accueille chaleureusement à notre arrivée dans ce quartier populaire au sud-est d’Athènes. Comme beaucoup d’autres cette pharmacie autogérée a vu le jour en 2012 et permet d’aider les gens qui n’ont plus de couverture sociale.
« Les personnes qui viennent ici », nous dit Dimitri Souliotis dont les propos en grec sont traduits instantanément par Evelina, une bénévole venue de France, « sont inégalement touchés. Les pauvres, les ouvriers sont les premiers. On a reçu 12000 patients depuis 3 ans. Mais, poursuit-il, nous luttons en même temps contre la situation politique. Nous nous battons pour les droits. Nous avons constamment lutté sous les gouvernements précédents et nous continuons la lutte, la résistance sous le gouvernement actuel. Il ne s’agit pas seulement pour nous de mettre en place et d’assurer de la solidarité. Il nous importe de poursuivre la lutte politique ».
L’appartement dispose d’une pharmacie et d’un bureau-secrétariat. 26 bénévoles participent à son fonctionnement. Il n’y a pas de consultation sur place mais un réseau de 140 médecins, dentistes et soignants. La pharmacie a des contacts avec des médecins libéraux qui assurent bénévolement des soins dans leur cabinet privé aux patients qu’elle leur envoie.
Des pharmacies en réseau offrent les médicaments. Ceux-ci sont donnés ensuite aux patients. Il y a aussi quatre hôpitaux qui font des examens gratuitement. Ce sont des hôpitaux privés car, nous est-il dit, « les hôpitaux publics sont démantelés. Pour qu’un patient sans sécurité sociale puisse avoir des soins il doit attendre cinq à six mois. Même très malades des personnes ne sont pas acceptées par manque d’argent ».
En 2014 un mouvement du peuple grec a incité à la mise en place d’une mesure qui permet aux hôpitaux de recevoir des patients sans couverture sociale. Cette mesure n’est pas suivie par manque d’argent, alors même que ces personnes ont des droits. Les personnes qui n’ont pas de ressources ont un livret de santé. C’est une garantie pour les médicaments.
SMG/USP : Comment est née la pharmacie ?
Dimitri Souliotis : Elle a été créée par des citoyens grecs. On a constitué des groupes qui sont allés voir des médecins à qui ils ont expliqué la situation. Ils les ont invités à monter un réseau de pharmaciens, médecins, cliniques. Il a fallu quatre mois pour fonder ce réseau de dispensaires.
Il y a des mouvements sociaux qui soutiennent les politiques actuelles.
Il y a un million de personnes sans travail, trois millions sans couverture sociale. La solidarité nationale et internationale est essentielle.
Cet ancien Radio de la marine marchande insiste sur son engagement politique. Il n’est pas dans la mouvance de Syriza. Quand nous lui demandons quels sont les liens de la pharmacie avec Solidarité pour tous il répond que Solidarité pour tous est une organisation politique de Syriza dans laquelle les gens ne sont pas bénévoles et ils essayent de manipuler les dispensaires sociaux. « Mais, rajoute-t-il, nous avons des relations avec tous les dispensaires sociaux en dépit des différences. Il y a des différences. Par exemple Ellinikon soutient la politique européenne. »
Dimitri Souliotis souligne le fait que la pharmacie sociale n’est pas une force politique. « L’action se place au dessus de l’idéologie. » Il insiste : « Si on commence à parler des orientations politiques de chacun, plus personne n’est d’accord ». Puis il termine abandonnant le grec, moitié en français moitié en anglais. « Nous avons besoin d’ un front politique social, un front populaire qui sera établi avec la même politique, sur les mêmes bases, non opportuniste » et comme pour clarifier sa position il ajoute : « I am a communist !»
À notre départ, précédé d’une invitation à partager café et biscuits, Dimitri nous confirme l’organisation d’une conférence de Presse autour du SMG et de l’USP.
Nous étions venus avec le désir d’apprendre de ces dispensaires et des Grecs qui se sont mobilisés pour résister et rester debout face à l’austérité qu’ils n’avaient ni choisie ni anticipée. Ce voyage a bien tenu ses promesses. De plus nous avons pu vérifier, ce qui était important pour moi, qu’on ne pouvait pas se contenter de la vision largement divulguée alors, présentant les Grecs comme un peuple insouciant et profiteur.
Aujourd’hui, certains pensent peut-être encore que nous sommes à l’abri en France, malgré l’austérité, d’une telle détérioration de notre situation économique et sociale. Pourtant nous sommes bien obligés de constater au fil des jours, tout comme nous l’a dit Sophia, reprenant le poème d’Aragon , que « rien n’est jamais acquis ». Qui aurait pu penser il y a à peine deux ans que l’on en arriverait au point de restaurer des murs et des frontières à l’intérieur même de l’espace Schengen ? Et qu’un projet de loi tel que le projet de loi El Khomry redéfinirait le rôle du médecin du travail dans l’entreprise qui serait dorénavant chargé du contrôle de la santé des seuls salariés sur des postes à risque, le risque étant défini par le seul employeur [10].
Qu’est-ce qui fait la spécificité grecque dans la gestion de dispensaires autogérés ? Tous sont d’accord sur un certain nombre de règles de fonctionnement. Même s’ils ne partagent pas forcément les mêmes opinions politiques, ils ont tous la volonté politique de faire vivre la solidarité. Celle-ci est au dessus de l’idéologie. Si certains acceptent de l’argent, en aucun cas ils n’acceptent celui-ci d’organismes qui agiraient par philanthropie ou par charité. Ils n’entendent pas se substituer au service public de santé. Ils se battent pour que l’État assume ses responsabilités en matière de santé et pour le droit à la santé publique pour tous. Ils refusent de faire de la publicité pour un donateur avec des visées commerciales. Certains d’entre eux refusent tout don d’argent et demandent à leurs donateurs, même modestes, de faire des dons en nature ce qui a l’avantage de les mettre à l’abri de toute suspicion de détournement de fonds.
Des réseaux de soins se sont construits autour des dispensaires et des pharmacies sociales et traversent, quoique de façon partielle, aussi bien le système public, que le système privé. Cela se fait bien souvent en transgressant les règles institutionnelles, mettant chacun en face de ses responsabilités, qu’il s’agisse de la délivrance de médicaments provenant de boîtes dont une partie a déjà été utilisée, ou de l’accueil, dans certains établissements publics, de patients sans couverture sociale, et en particulier du chirurgien qui accepte d’opérer un patient sans couverture alors que l’établissement où il officie ne l’accepte pas ! Devant la non-prise en compte par l’État grec, mais au-delà par la Troïka et les institutions européennes, de l’urgence humanitaire, guidés par la nécessité, les bénévoles ont mis en pratique des règles alternatives aux règles institutionnelles pour répondre plus efficacement aux besoins des individus aux revenus insuffisants.
Autre fait remarquable, ces réseaux sont mis en place dans le cadre d’une organisation non hiérarchique. Les règles étant élaborées de façon collective, et provenant de la volonté de tous, elles rendent inutile la présence de chefs ou petit chefs. C’est en tout cas ce qui se vérifie dans la pratique ! Cela se fait dans le respect des individus, et la prise en compte des compétences de chacun. Les compétences des bénévoles sont à la hauteur des fonctions qu’ils occupent dans le dispensaire, mais ils ne limitent pas leur participation aux seules activités qui requièrent leurs compétences.
Je me demande s’il nous serait facile, à nous Français, de fonctionner de façon aussi informelle et généreuse, bridés que nous sommes par l’habitude d’un cadre de fonctionnement hautement hiérarchisé. L’histoire du peuple grec a été marquée par des siècles d’occupation de puissances étrangères, ce qui les a incités à développer des formes de résistance et de solidarité.
J’entendais encore il y a quelques jours qu’un nouveau bidonville était évacué près de la station Stalingrad à Paris, que dans le seizième arrondissement la municipalité repousse toute idée d’installer un centre d’accueil en bordure du bois de Boulogne pour 200 personnes sans domicile. Et je pense à la place Victoria où habite Eugénie, notre interprète dans le centre d’Athènes, transformée à plusieurs reprises en campement pour les réfugiés syriens ou afghans et au centre d’accueil que la ville de Galatsi dans la banlieue d’Athènes a ouvert, avec pour l’essentiel la seule aide de la commune et des bénévoles.
Clinique et Pharmacie Sociale du Pirée
Zossimadon 44 – Tel.210 4129939
Dans les temps difficiles que nous traversons il est plus urgent que jamais de fortifier notre solidarité et d’organiser des réseau sociaux dans chaque quartier. La Clinique – Pharmacie Sociale (CPS) est une nouvelle structure de solidarité qui a comme but d’offrir GRATUITEMENT des services médicaux – pharmaceutiques de premier degré à toutes les personnes, Grecs ou immigrés, qui ne disposent pas de protection sociale, à tous ceux qui, à cause de la crise, du chômage et de diverses exclusions, n’ont pas d’accès aux services publics de santé.
Notre but est de constituer un espace de contact et d’information sur les droits des patients et sur leurs possibilités d’accès aux services publics de santé. Nous partageons les principes d’organisation et les conceptions de structures analogues de solidarité sociale qui ont construit, pendant les dernières années, des espaces d’émancipation, de revendications et d’actions collectives. Nous voulons créer des liens avec les différents domaines sanitaires de notre quartier, en vue d’entreprendre des actions en commun et de lancer des initiatives pour la défense des services publics de santé.
Le CPS a son siège au centre de la ville du Pirée (Zossimadon 44, 1er étage), dans des locaux offerts par la sous-Préfecture du Pirée. Il s’agit d’une démarche collective, autonome, autogérée, basée sur la solidarité de tous les citoyens, sans aucune dépendance financière vis-à-vis des sponsors de toute sorte.
Nous n’avons pas l’intention de nous substituer aux services publics de santé, ni d’ailleurs l’illusion qu’on puisse le faire. Nous ne voulons pas, non plus, entretenir de relations de concurrence avec le secteur privé. Nous construisons un réseau de protection sociale et politique pour les plus démunis et en même temps nous exigeons, à travers une lutte sociale et politique, quotidienne, permanente et démocratique, que l’État prenne enfin ses responsabilités en matière de santé. Loin de professer une logique de philanthropie, nous rejetons toute attitude de compassion et nous désirons combattre collectivement pour notre droit à la santé publique et revendiquer l’accès gratuit pour tous, sans aucune exclusion, aux soins médicaux – pharmaceutiques.
Nous vous appelons à soutenir notre initiative par tous les moyens disponibles.
La clinique-pharmacie sociale du Pirée a besoin de volontaires (médecins et personnel médical), de médicaments et de citoyens, hommes et femmes, solidaires.
[1] Occupy Syntagma : occupation de la place de la Constitution
[2] Beaucoup de gens de la classe moyenne ont dû quitter le centre d’Athènes pour s’installer à la périphérie.
[3] Seuls les gens qui ont un contrat de travail peuvent bénéficier de la sécurité sociale
[4] Franchise ou ticket modérateur, la part qui reste à payer par le patient
[5] La Troïka financière et économique chargée de trouver une solution à la résorption des dettes souveraines en Europe, formée par le FMI (Fonds monétaire international), la Commission européenne et la Banque centrale européenne
[6] Statine : médicament qui inhibe la formation du cholestérol
[7] Début novembre, au moment où Sophia parle, a lieu la visite de la Troïka
[8] Solidarité pour Tous : bien qu’informelle l’organisation est directement liée à Syriza. Elle est née en 2012, dans le but d’aider et de soutenir le Mouvement Solidaire avec la volonté de ne pas en prendre la direction. Il s’agit d’un groupe autonome qui aide les initiatives tout en laissant toute liberté d’action à ceux qui les prennent. Un fonds a été créé dans lequel chaque parlementaire de Syriza met 20 % de son salaire pour les initiatives solidaires.
[9] Citation du poème d’Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux
[10] Voir l’article d’Alain Carré et de Dominique Huez dans https://blogs.mediapart.fr/les-invités-de-mediapart/blog/220216/loi-travail
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Autres Liens
SMG (Syndicat de la médecine générale) : www smg-pratiques.info
Dispensaires autogérés grecs : nov 2015 Impressions d’un groupe de médecins
LOISON Gilles dit
Intervenant pour le Secours populaire français dans le cadre de la solidarité mondiale, et habitant partiellement l’île de Salamine, j’ai été très intéressé par votre rapport. Je suis entrain de mettre en place un projet d’aide pour dispensaire de Salamine qui a bien besoin. Je souhaite prendre contact dans ce même but avec d’autres dispensaires notamment celui du Pirée. Vos observations sont du plus grand intérêt pour moi. Merci