Dans l’imaginaire de notre pays, Rivesaltes c’est l’accent des Pyrénées (orientales) le vin doux et les abricots moelleux. Dans l’histoire de la France, c’est un pan très sombre du régime de Vichy, du nazisme et de la France coloniale. Car Rivesaltes fut un camp d’internement, de rétention administrative (ah, le joli mot pour tant de maux!!) de 1941 à 1987. L’inauguration par le Premier Ministre du Mémorial de Rivesaltes permet d’extirper l’Histoire dissimulée, jusqu’à récemment, de la barbarie et du colonialisme exprimée par ce camp. Tout commence, enfin presque (car il faudrait rappeler les convulsions du Front Populaire, la puissance de l’antisémitisme etc.) en Novembre 1939, avant Vichy, par un décret qui permet « l’internement de tout individu, ou étranger, considéré comme dangereux pour la Défense nationale ou la sécurité publique ».
Dans le même temps, est construit à Rivesaltes un camp militaire de 16 îlots, le camp Joffre, en recourant à la main d’œuvre espagnole républicaine, celle des premiers exilés de la guerre civile parqués dans le terrible camp d’Argelès. L’Histoire s’accélère avec l’exode massif des républicains espagnols, celui des juifs fuyant l’Allemagne nazie et le début des rafles menées par le gouvernement de Vichy : Juin 1941, 10350 personnes sont internées dont 50% d’Espagnols, 35% de juifs et 15% de tsiganes. En 1942 d’autres rafles suivent: sur les 7000 juifs conduits à Rivesaltes, 40% mourront à Auschwitz.
Avec la Libération, le camp « reçoit » les collaborateurs, les prisonniers de guerre allemands et italiens, soit 7000 personnes au total. Le camp ferme en 1948…. avant de ré-ouvrir en 1962. S’ouvre la page de l’histoire coloniale, enfouie dans les poubelles gaullistes : jusqu’en 1977, passeront, s’entasseront 22 000 personnes, les harkis déchus de leur nationalité française depuis octobre 1962. Ils connaitront comme les autres, le vent glacial en hiver, le typhus, la gale, la faim..
L’histoire ne s’arrête pas là car après le départ des harkis, ce centre deviendra en 1986, centre de rétention administrative avec 1000 entrées annuelles jusqu’en 2007, année de sa fermeture.
Voir aussi
- L’article de Rivesaltes aux Milles de Michèle Narvaez
- L’article sur Calais de Jacqueline Boutin
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