J’ai eu d’abord comme une réticence en lisant le titre de l’article d’Edgar Morin dans Le Monde : « éduquer à la paix ».
Je ne refuse bien entendu pas l’idée de paix. C’est une belle idée.
De nombreuses associations, depuis des années, développent des initiatives pour « éduquer à la paix ». Je citerai celle que je connais, et dont j’ai un peu suivi les actions en Colombie, l’École de la Paix, fondée par Richard Pétris [1] en 1998. Ces actions ne sont pas inutiles, surtout si elles sont menées dans des espaces comme les écoles, les collèges, les quartiers, là où la question du vivre ensemble et du respect de chacun se pose avec le plus d’acuité.
Pourtant la paix est un concept abstrait. Cherchez des films, des romans, des images même sur la guerre, ils abonderont. Cherchez des films, des romans, des images sur la paix, vous en trouverez beaucoup moins. La paix, c’est un peu comme le paradis, ou l’Arcadie : trop beau pour être vrai… au moins en ce bas monde.
Par ailleurs l’idée de paix peut enfermer dans un idéalisme impuissant. Si on regarde les deux grandes guerres du XXème siècle, on s’aperçoit que les discours aux accents les plus iréniques ont fleuri juste avant qu’elles soient déclarées, et qu’ils n’ont guère préparé les peuples à y résister . En 1939, ces discours, relus aujourd’hui, nous apparaissent dans tout leur désastreux aveuglement [2]. En ce qui concerne la guerre de 1914, le dernier discours de Jaurès, prononcé en juillet à Lyon, juste avant son assassinat, même s’il est plus lucide, témoigne aussi d’une grande erreur de jugement sur la possibilité d’une fraternisation avec le parti socialiste allemand ! [3]
C’est pourquoi j’ai été rassurée en lisant l’article d’Edgar Morin, qui parle peu de paix, finalement, et beaucoup de résistance, en proposant une analyse des ressorts du fanatisme. Sa conclusion cependant me laisse sur ma faim.
Son article éveille en moi trois questions.
- Edgar Morin écrit qu’il « préconise depuis vingt ans d’introduire dans nos écoles, dès la fin du primaire et dans le secondaire, l’enseignement de ce qu’est la connaissance, c’est-à-dire aussi l’enseignement de ce qui provoque ses erreurs, ses illusions, ses perversions ». Il n’a pas été le seul. On compterait par dizaines les rapports rédigés en ce sens, et qui ont été transmis aux cabinets ministériels compétents, puis enfermés dans un tiroir. Qu’ont fait les gouvernements successifs, depuis vingt ans ? Ils ont laissé des commissions de pédagogues en chambre close élaborer des programmes d’où ont peu à peu disparu des heures précieuses de cours dans les matières -français, histoire, philosophie- où précisément peut être dispensée cette « connaissance » des perversions de la connaissance. Ils ont également supprimé des heures précieuses de formation des enseignants, heures qui auraient pu les aider dans une tâche de plus en plus difficile. Pour ne donner qu’un exemple, la réforme des programmes de 2013 prévoit pour le collège deux heures et demie d’histoire – géographie et une demi – heure d’enseignement moral et civique par semaine… Najat Vallaud Bel Kacem a parlé en 2015 d’une « grande nouveauté » : « un temps important est accordé aux débats, aux jeux de rôle, aux moments de dialogue ». J’accorde volontiers la palme académique à l’enseignant qui parviendra en une petite demie-heure -sachant que les heures sont au mieux de cinquante minutes- à organiser un débat ou un dialogue dans sa classe ! Tous ces pédagogues en chambre close savent-ils que dans de très nombreuses classes de collège, la hantise de l’enseignant est en premier lieu de parvenir à ce que les élèves restent tranquillement assis à leur place ? Ou encore qu’ils acceptent de s’asseoir à côté d’un ou d’une camarade sans protester ? Une amie enseignante me racontait récemment que dans sa classe, les collégiens d’origine marocaine refusaient de s’asseoir à côté de camarades d’origine algérienne, les garçons à côté des filles, sans parler des camarades juifs. Elle me racontait aussi le refus systématique d’un élève d’origine russe de s’asseoir à côté d’ un camarade d’origine maghrébine. Oui, il faudrait pouvoir débattre de tout cela, longuement, avec les élèves. Débattre des cultures, des religions, des idées fausses, des raisons du fanatisme. Mais pas en vingt minutes ! Je ne dis pas que certains enseignants ne parviennent pas, en trichant au besoin, à organiser le dialogue dans leurs classes. Mais l’éducation est le domaine du temps long, et les résultats ne se font sentir que très progressivement. L’agressivité est devenue une composante indéniable de la réalité scolaire. Il semble bien tard pour la prévenir, alors que les manifestations du fanatisme occupent toujours davantage la scène publique et médiatique… et contribuent à nourrir les tensions dans les classes et les cours de récréation.
- L’autre question qui reste à mon sens sans réponse aujourd’hui est celle du « besoin de foi, d’aventure, d’exaltation » dont parle Edgar Morin. Ce n’est pas à la société de proposer de telles émotions : les proposerait-elle, sous une forme improbable, que la jeunesse n’en voudrait pas ! C’est dans la transgression qu’émergent ces idéaux. Il y a cinquante ans, la transgression, pour les jeunes, consistait à manifester contre l’impérialisme américain, à contester la culture dominante, à inventer de nouvelles formes de culture, à expérimenter la liberté, à élever des chèvres au Larzac ou à voyager à Katmandou. Tout cela ne portait pas, quelques exceptions mises à part, au fanatisme. Et ces jeunes éprouvaient de la colère, mais pas du ressentiment.
Il existait aussi une autre transgression, celle des voyous, mais elle ne se mélangeait guère avec la première. On analyse trop peu à quel point, aujourd’hui, macère dans les chaudières de la société un mélange explosif : besoin de transgression, ratages de l’intégration, ressentiment, tentation d’héroïsme, jusqu’au boutisme, soif de pouvoir, et mise à disposition, facilitée par internet, d’un discours, de modèles fanatiques, d’armes et d’argent. Les kamikazes ou les auteurs d’attentats de novembre, en France et en Belgique, sont en majorité au départ de petits truands, des voyous, qui ont mené parfois une vie dissolue, drogue et boîtes de nuit, avant de rencontrer la possibilité du djihadisme. Et le voyage idéal qui s’offrait à eux, ce n’était pas pour Katmandou, mais pour la Syrie. Comment désamorcer chez nous ce mélange d’autant plus explosif qu’il rencontre une guerre lointaine et le ressentiment du monde musulman vis à vis de l’Occident ? Comment expliquer la différence entre le besoin légitime d’aventure, de foi, d’idéal, et la soumission à l’absolutisme mortifère ?
- La troisième question est celle de la violence. Elle nous effraie, parce que nous avions l’illusion, dans nos démocraties relativement confortables, d’en être protégés. Elle existait, sous des formes parfois atroces, assez loin de nous pour que nous n’en soyons que les spectateurs désolés : Afrique, pays de l’Est, Moyen – Orient, ou même Amérique latine. Je pense à la violence en Colombie : elle a fait, dans les cinquante dernières années, des centaines et des centaines de milliers de morts et de déplacés. On y trouvait d’ailleurs aussi un mélange explosif : société patriarcale d’un côté, de l’autre idéal révolutionnaire, trafic de drogue, souvent associés, et soif de pouvoir chez tous. Qui s’en souciait vraiment en France, mis à part quelques sociologues ? Or cette violence, terroriste parce qu’elle veut nous inspirer et nous inspire la terreur, nous atteint aujourd’hui au cœur de nos cités, de nos démocraties que nous pensions inviolables. Diverses sont les réactions . On peut fermer les yeux, comme c’est souvent le cas dans les établissements scolaires, où les responsables ont tendance à minimiser les faits par peur d’être mal notés ou de faire la une de tel ou tel organe de presse. On peut nier, comme c’est souvent le cas dans certains quartiers difficiles, où les édiles locaux ont peur d’être pointés du doigt pour incompétence. On peut aussi nier pour éviter de désigner clairement les «questions qui fâchent » , comme celle de la laïcité, du racisme, de l’antisémitisme . On peut enfin se lamenter, se désoler, faire une minute de silence, se recueillir sur les lieux d’attentats, offrir des bouquets, aller boire entre copains aux terrasses des cafés, comme si c’était la meilleure façon de défendre la démocratie.
Démocratie elle -mêmes peu alléchante, minée par les crises, la corruption, un « personnel » politique vieilli, la toute – puissance des médias. Démocratie sans perspectives, qui fait de l’impuissance une fatalité et de l’injustice une loi, poussant les jeunes à la désespérance. Voilà ce dont il me semble qu’il faudrait débattre avec eux : de l’idée qu’un autre forme de démocratie est possible et qu’elle s’exerce d’ailleurs dans des centaines d’initiatives, certes encore trop isolées, pour faire vivre concrètement une autre façon de produire, de créer, de s’organiser, de vivre ensemble. C’est une réponse à la menace de la violence.
Des démonstrations précises sur ces expériences, des films, des débats avec des invités, pendant un cours d’histoire, de géographie, de sciences naturelles, d’économie, ou même de langue, ne serait-ce pas plus utile que les meilleurs sermons sur la bienveillance, l’amour et la fraternité ?
Et pour cela, peut-être n’est-il pas trop tard…
1. www.ecoledelapaix.org/
2. Déclaration du Parti communiste français (SFIC) du 25 août 1939 :
« Au moment où l’UNION SOVIETIQUE apporte une nouvel et inappréciable contribution à la sauvegarde de la paix constamment mise en péril par les fauteurs de guerre fascistes, le Parti communiste français adresse au Pays du socialisme, à son Parti et à son grand chef Staline, un salut chaleureux. […]
Ce succès que l’Union soviétique vient de remporter, nous le saluons avec joie car il sert la cause de la paix.
La conclusion d’un tel pacte de non-agression ne peut que réjouir tous les amis de la paix, communistes, socialistes, démocrates, républicains. `
Tous savent qu’un tel pacte aura comme unique conséquence la consolidation de la paix. Tous savent qu’il ne privera aucun peuple de sa liberté, qu’il ne livrera aucun arpent de terre d’une nation quelconque, ni une colonie. […]
Le pacte de non-agression qui vient d’être signé à MOSCOU est un coup direct à l’agression.
Comme l’attestent les nouvelles du Japon agresseur de la Chine, et de l’Espagne franquiste, il divise, et par conséquent affaiblit, le camp des fauteurs de guerre qui s’étaient unis sous le signe du pacte antikomintern.
Le désarroi qui règne parmi les alliés du fascisme hitlérien suffit à montrer, et dans les semaines qui viennent les peuples s’en convaincront mieux encore, que l’U.R.S.S. vient de rendre un inoubliable service à la cause de la paix, à la sécurité des peuples menacés, et de la France en particulier.
Et si quelques chefs socialistes ont estimé devoir prendre place dans le chœur fasciste et réactionnaire pour injurier l’UNION SOVIETIQUE, ils seront condamnés par tous les travailleurs, y compris les travailleurs socialistes. […]
La paix, c’est le bien précieux des hommes. […]
Dans le vrai combat contre le fascisme agresseur, le Parti communiste revendique sa place au premier rang. »
(L’Humanité du 25 août 1939)
3. « Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et, de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.
J’aurais honte de moi-même, citoyens, s’il y avait parmi vous un seul qui puisse croire que je cherche à tourner au profit d’une victoire électorale, si précieuse qu’elle puisse être, le drame des événements. Mais j’ai le droit de vous dire que c’est notre devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui représente à cette heure, sous l’orage, la seule promesse d’une possibilité de paix ou d’un rétablissement de la paix. » (extrait)
L’article d’Edgar Morin
« Éduquer à la paix pour résister à l’esprit de guerre »
Par Edgar Morin (Sociologue et philosophe), Le Monde | 20 octobre 2012.
Cela dit, en temps même de paix peut se développer une forme extrême de l’esprit de guerre, qui est le fanatisme. Celui-ci porte en lui la certitude de vérité absolue, la conviction d’agir pour la plus juste cause et la volonté de détruire comme ennemis ceux qui s’opposent à lui ainsi que ceux qui font partie d’une communauté jugée perverse ou néfaste, voire les incrédules (réputés impies).
Une structure mentale commune
Nous avons pu constater dans l’histoire des sociétés humaines de multiples irruptions et manifestations de fanatisme religieux, nationaliste, idéologique. Ma propre vie a pu faire l’expérience des fanatismes nazis et des fanatismes staliniens. Nous pouvons nous souvenir des fanatismes maoïstes et de ceux des petits groupes qui, dans nos pays européens, en pleine paix, ont perpétré des attentats visant non seulement des personnes jugées responsables des maux de la société, mais aussi indistinctement des civils : fraction armée rouge de la « bande à Baader » en Allemagne, brigades noires et brigades rouges en Italie, indépendantistes basques en Espagne.
Le mot de « terrorisme » est à chaque fois employé pour dénoncer ces agissements tueurs, mais il ne témoigne que de notre terreur et nullement de ce qui meut les auteurs d’attentats. Et surtout, si diverses soient les causes auxquelles se vouent les fanatiques, le fanatisme a partout et toujours une structure mentale commune.
C’est pourquoi je préconise depuis vingt ans d’introduire dans nos écoles, dès la fin du primaire et dans le secondaire, l’enseignement de ce qu’est la connaissance, c’est-à-dire aussi l’enseignement de ce qui provoque ses erreurs, ses illusions, ses perversions. Car la possibilité d’erreur et d’illusion est dans la nature même de la connaissance. La connaissance première, qui est perceptive, est toujours une traduction en code binaire dans nos réseaux nerveux des stimuli sur nos terminaux sensoriels, puis une reconstruction cérébrale. Les mots sont des traductions en langage, les idées sont des reconstructions en systèmes.
Réductionnisme, manichéisme, réification
Or, comment devient-on fanatique, c’est-à-dire enfermé dans un système clos et illusoire de perceptions et d’idées sur le monde extérieur et sur soi-même ? Nul ne naît fanatique. Il peut le devenir progressivement s’il s’enferme dans des modes pervers ou illusoires de connaissance. Il en est trois qui sont indispensables à la formation de tout fanatisme : le réductionnisme, le manichéisme, la réification. Et l’enseignement devrait agir sans relâche pour les énoncer, les dénoncer et les déraciner. Car déraciner est préventif alors que déradicaliser vient trop tard, lorsque le fanatisme est consolidé.
La réduction est cette propension de l’esprit à croire connaître un tout à partir de la connaissance d’une partie. Ainsi, dans les relations humaines superficielles, on croit connaître une personne à son apparence, à quelques informations, ou à un trait de caractère qu’elle a manifesté en notre présence. Là où entre en jeu la crainte ou l’antipathie, on réduit cette personne au pire d’elle-même, ou, au contraire, là où entrent en jeu sympathie ou amour, on la réduit au meilleur d’elle-même. Or, la réduction de ce qui est nôtre en son meilleur et ce qui est l’autre en son pire est un trait typique de l’esprit de guerre et il conduit au fanatisme.
La réduction est ainsi un chemin commun à l’esprit de guerre et surtout à son développement en temps de paix, qui est le fanatisme.
Un idéal de consommation, de supermarchés, de gains, de productivité, de PIB ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l’être humain qui sont de se réaliser comme personne au sein d’une communauté solidaire
Le manichéisme se propage et se développe dans le sillage du réductionnisme. Il n’y a plus que la lutte du Bien absolu contre le Mal absolu. Il pousse à l’absolutisme la vision unilatérale du réductionnisme, il devient vision du monde dans laquelle le manichéisme aveugle cherche à frapper par tous les moyens les suppôts du mal, ce qui, du reste, favorise le manichéisme de l’ennemi. Il faut donc pour l’ennemi que notre société soit la pire, et que ses ressortissants soient les pires, pour qu’il soit justifié dans son désir de meurtre et de destruction. Il advient alors que, menacés, nous considérons comme le pire de l’humanité l’ennemi qui nous attaque, et nous entrons nous-mêmes plus ou moins profondément dans le manichéisme.
Il faut encore un autre ingrédient, que sécrète l’esprit humain, pour arriver au fanatisme. Celui-ci peut être nommé réification : les esprits d’une communauté sécrètent des idéologies ou visions du monde, comme elles sécrètent des dieux, qui alors prennent une réalité formidable et supérieure. L’idéologie ou la croyance religieuse, en masquant le réel, devient pour l’esprit fanatique le vrai réel. Le mythe, le dieu, bien que sécrétés par des esprits humains deviennent tout-puissants sur ces esprits et leur ordonnent soumission, sacrifice, meurtre.
Tout cela s’est sans cesse manifesté et n’est pas une originalité propre à l’islam. Il a trouvé depuis quelques décennies, avec le dépérissement des fanatismes révolutionnaires (eux-mêmes animés par une foi ardente dans un salut terrestre), un terreau de développement dans un monde arabo-islamique passé d’une antique grandeur à l’abaissement et à l’humiliation. Mais l’exemple de jeunes Français d’origine chrétienne passés à l’islamisme montre que le besoin peut se fixer sur une foi qui apporte la Vérité absolue.
« La connaissance de la connaissance »
Il nous semble aujourd’hui, plus que nécessaire, vital, d’intégrer dans notre enseignement dès le primaire et jusqu’à l’université, la « connaissance de la connaissance », qui permet de faire détecter aux âges adolescents, où l’esprit se forme, les perversions et risques d’illusion, et d’opposer à la réduction, au manichéisme, à la réification une connaissance capable de relier tous les aspects divers, voire antagonistes, d’une même réalité, de reconnaître les complexités au sein d’une même personne, d’une même société, d’une même civilisation. En bref, le talon d’Achille dans notre esprit est ce que nous croyons avoir le mieux développé et qui est, en fait, le plus sujet à l’aveuglement : la connaissance.
En réformant la connaissance, nous nous donnons les moyens de reconnaître les aveuglements auxquels conduit l’esprit de guerre et de prévenir en partie chez les adolescents les processus qui conduisent au fanatisme. A cela il faut ajouter, comme je l’ai indiqué (Les sept savoirs nécessaires à la connaissance), l’enseignement de la compréhension d’autrui et l’enseignement à affronter l’incertitude.
Tout n’est pas résolu pour autant : reste le besoin de foi, d’aventure, d’exaltation. Notre société n’apporte rien de cela, que nous trouvons seulement dans nos vies privées, dans nos amours, fraternités, communions temporaires. Un idéal de consommation, de supermarchés, de gains, de productivité, de PIB ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l’être humain qui sont de se réaliser comme personne au sein d’une communauté solidaire.
Avoir foi en l’amour et la fraternité
D’autre part, nous sommes entrés dans des temps d’incertitude et de précarité, dus non seulement à la crise économique, mais à notre crise de civilisation et à la crise planétaire où l’humanité est menacée d’énormes périls. L’incertitude sécrète l’angoisse et alors l’esprit cherche la sécurité psychique, soit en se refermant sur son identité ethnique ou nationale, puisque le péril est censé venir de l’extérieur, soit sur une promesse de salut qu’apporte la foi religieuse.
C’est ici qu’un humanisme régénéré pourrait apporter la prise de conscience de la communauté de destin qui unit en fait tous les humains, le sentiment d’appartenance à notre patrie terrestre, le sentiment d’appartenance à l’aventure extraordinaire et incertaine de l’humanité, avec ses chances et ses périls.
C’est ici que l’on peut révéler ce que chacun porte en lui-même, mais occulté par la superficialité de notre civilisation présente : que l’on peut avoir foi en l’amour et en la fraternité, qui sont nos besoins profonds, que cette foi est exaltante, qu’elle permet d’affronter les incertitudes et refouler les angoisses.
Edgar Morin (Sociologue et philosophe)
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