L’accident démocratique redouté, hypothétique, est là. Ce qui était jugé impensable s’est produit, mal identifié par des sondages, favorisé par un système électoral injuste et sous-estimé par de nombreux analystes. Ceux-ci ont traité la candidature de Trump comme un spectacle bouffon sans aller étudier ses partisans.
Cette montée d’une nouvelle offre politique de droite — entre populisme télévisuel, discours plébéien et fascisme sans chemise brune — vient de gagner une bataille majeure. Et pas n’importe où, aux États-Unis, donc avec effets de puissance et d’exemplarité garantis.
Le marketing de la victoire
Les affirmations fantasques d’un milliardaire égocentré, autoritaire et machiste, peuvent ainsi entrer en résonance avec les peurs d’un électorat, – surtout blanc, – désorienté et ballotté par des forces économiques jouant des peuples par-dessus les territoires et les frontières. Ces forces restructurent les entreprises, les modes de vie et déstabilisent les classes moyennes et populaires. Elles contournent ou achètent les acteurs politiques, elles confisquent la démocratie. Elles ouvrent l’espace aux aventuriers, aux démagogues. Des dirigeants d’un genre nouveau proposent leurs services et leurs inexpériences qui les affranchissent de tout compte. Ils sont d’autant plus capables de faire rêver qu’ils se prétendent hors système. Trump chef d’entreprise, homme de média et de marketing est un quasi néophyte en politique. En agitant des rêves et des slogans de retour en arrière <America first> et <Great again>, il sait parler aux affects.
On trouve d’authentiques suprématistes, voire de vrais fascistes dans les soutiens de Trump : ceux qui ont construit sa campagne et qui se trouvent au centre de son dispositif à la Maison blanche (Steve Bannon animateur du site identitaire Breitbart news de la mouvance de l’Alt-right [1]). Ils sont parvenus grâce à Fox news et des campagnes médiatiques soutenues à répandre la vision « sudiste ». Un pays qui « n’est plus chez lui », qui est dépossédé de son origine WASP [2] et que Washington a abandonné. Cette véritable victoire culturelle au sein de l’Amérique profonde précède et explique le revirement de certains états décisifs.
Pourtant il serait simpliste de ranger tous ses électeurs dans un lot homogène machiste, raciste et arriéré. Des populations abandonnées ou en voie de déclassement ont utilisé la carte du désespoir. Hillary Clinton représentait l’équipe sortante, elle était de surcroît première femme candidate. Si les qualités d’Obama sont nombreuses, son bilan politique, celui des démocrates – entravé par un sénat et un congrès républicains – est mitigé ; les dévastations économiques fabriquent leurs lots de laissés pour compte perdant maison ou emploi dans un système social sans amortisseur. Un cap a été franchi avec la dernière crise majeure, celle des subprimes en 2008, tandis que la mondialisation a continué à favoriser de nouvelles oligarchies.
Une gauche responsable peut-elle encore assister silencieusement à tant d’exclusion et à l’explosion des inégalités ?
Pour résumer Trump a su gagner « au poteau » en parlant à la fois :
– aux populations, hommes ou femmes, victimes de la mondialisation (déclassés réels ou potentiels de la Rust Belt [3]) et délaissant le vote démocrate ;
– aux hommes blancs qui ne sont plus « entre eux chez eux » ;
– aux bataillons du parti républicain qui a fait le plein de ses voix autour de la droite religieuse de la Bible Belt [4] et du Tea Party.
Un Trump imprévisible et un parti républicain trop prévisible
Le désastre est complet :
- Trump élu président, malgré l’avance importante en voix [5] d’Hillary Clinton ;
- le Sénat et la chambre des représentants aux mains d’un parti « républicain » gangréné par le Tea Party gérant à sa convenance les prochaines nominations à la Cour suprême
- la démolition programmée des fragiles acquis d’Obama
- le reniement de la signature sur la Cop 21
- la remise en question d’avancées des droits civiques et du New Deal donc ce que quasiment un siècle a apporté de progrès dans l’histoire des États-Unis.
Avec le Spoil system [6] en vigueur aux États-Unis, quatre à cinq mille responsables vont prendre le contrôle des ministères et agences publiques gouvernementales. Ces agences ont pour fonction de protéger l’environnement, (EPA Environment Protection Agency), de défendre les consommateurs (NCC National Consumer Commission), de lutter contre les discriminations, de défendre le droit des femmes, de surveiller les entreprises. Elles verront arriver des dirigeants qui demandaient leur fermeture et dont le mandat sera de nier leurs fonctions, d’alléger ou d’éliminer les cadres législatifs ou réglementaires protégeant la société contre les intérêts privés, bref de démanteler au maximum la fonction de l’État.
Je suis affreusement triste pour mes amis américains mais pour toute l’humanité aussi. Car cela annonce un monde encore plus dur, un monde où les efforts pour contrebalancer la loi des puissants s’épuisent et n’inspirent plus d’espoir.
Dans les années 80, un nouveau cycle politique « le néo-libéralisme » s’était ouvert avec l’arrivée de Thatcher et Reagan qui l’avaient vendu aux opinions publiques britanniques et états-uniennes. Les « Chicago Boys » [6] l’avaient auparavant imposé à des peuples sans défense après les coups d’état de Suharto en Indonésie, de Pinochet au Chili, etc.
Le précédent anglo-saxon fixa la référence pour de nombreux gouvernements et fait encore des dégâts en détruisant nombre de services publics et de fonctions régulatrices de l’État. Il a rendu possible la sécession des riches et l’explosion des inégalités.
Un nouveau cycle planétaire ?
Il est à craindre qu’une contre-révolution de la même ampleur ne se profile en ce début de 21ème siècle derrière le bonimenteur Donald Trump et ses épigones. Les ingrédients de ce nouveau cycle politique qui ne contredit pas la progression du néo-libéralisme bien au contraire sont les suivants : renoncement à la confrontation des arguments, c’est à dire au débat politique résumé au lynchage médiatique (bashing) et à la rumeur, alignement des conservateurs sur les populistes, utilisation manipulatrice des médias — chaînes de TV, câble, médias sociaux —individualisés par groupe social, , mise en cause de l’impôt progressif sur le revenu, repli des peuples sur eux-mêmes, abandon de la recherche d’accords diplomatique, climatique ou géopolitique (Brexit), désignation de boucs-émissaires intérieurs ou extérieurs, soumission sans entrave aux lois d’un marché dominé par des multinationales hors sol, impuissance des gauches constituées dans des cadres nationaux contournés. Un nouveau cycle politique s’ouvre qui suscitera de nombreuses luttes.
Dans le changement climatique, une tendance de fond (l’augmentation moyenne de la température) s’accompagne de phénomènes météo de plus en plus désordonnés, chaotiques et imprévisibles. Avec le changement promis par les populistes/fascistes télévisuels, la tendance de fond aux inégalités et aux replis s’accompagne de « phénomènes » politiques surprenants (Berlusconi, Trump). Ils détournent les téléspectateurs-électeurs de la confrontation aux vraies questions et aux vrais responsables. Ainsi s’avancent des aventuriers qui vont jusqu’au bout de la sécession. Ils en deviennent parfois incontrôlables pour leur camp.
Il ne s’agit pas d’un phénomène américain. Dans tous les continents des nouveaux autocrates imposent des régressions antidémocratiques : Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, Orban en Hongrie, Kaczyński [8] en Pologne, Duterte aux Philippines, pour les plus connus. D’autres aspirent au pouvoir aux Pays-Bas, en Italie, en France. Même en Scandinavie, la peur d’un avenir moins souriant rend disponible une partie de la population déstabilisée pour des aventures populistes.
L’élection de Trump créé une onde de choc à laquelle la majorité des peuples objecte pourtant. Mais pour combien de temps encore ?
Puisse cet exemple désastreux nous forcer à reprendre en main nos destins collectifs, à barrer la route aux démolisseurs, à sauvegarder ce que les états ont petit à petit mis en place depuis 100 ans, malgré les guerres ou à cause des guerres : la protection sociale, la solidarité, la paix, la capacité de faire société, l’émancipation des femmes, des minorités, la démocratisation de l’éducation …
Ces conquêtes fragiles, imparfaites oh combien, sont aujourd’hui en danger d’être liquidées par de futurs dirigeants autoritaires populistes ou fascistes, affranchis de tout scrupule.
La jeunesse a déjà commencé à réagir.
[1]. Steve Bannon de Alt-right a été le stratège en chef de Donald Trump. C’est le Patrick Buisson de Trump, étudiant les sondages et inondant les réseaux sociaux. Mais là, sans la moindre honte, son rôle sera assumé désormais en plein jour. Il sera l’homme de la Maison blanche qui donne accès au président.
[2]. WASP : White Anglo-Saxon Protestant. Les populations de colons étaient en effet jusqu’au 18e siècle essentiellement WASP. Celles-ci ont été rejointes ensuite par des vagues d’immigrations importantes catholiques (Irlande-Italie-Pologne), juives ashkénazes, russes, chinoises. Puis par des populations latino, asiatiques ou arabes. Certains états n’ont plus de majorité WASP et cela sera général dans une vingtaine d’années.
[3].La Rust Belt ou ceinture de rouille est l’ancienne ceinture de l’âge industriel s’étendant du Wisconsin au Michigan avec Detroit et Flint, à l’Ohio avec Colombus et à la Pennsylvanie avec Philadelphie
[4]. La Bible Belt in Wikipedia « Géographiquement, elle correspond grossièrement aux états qui avaient été sécessionnistes : l’Alabama, l’Arkansas, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, la Géorgie, le Kentucky (bien que celui-ci soit demeuré dans l’Union), la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, l’Oklahoma, le Tennessee, le Texas, la Virginie ainsi que des parties de la Floride, de l’Indiana et de la Virginie occidentale ».
Depuis Nixon (1969-1974) et surtout Reagan (1981-1989) les états ruraux du Sud sont très marqués par un fondamentalisme chrétien évangéliste et ont basculé dans les mains du parti républicain.
[5]. Sur les chiffres définitifs l’écart est de 2 860 000 de voix soit 2 % de plus en faveur d’Hillary Clinton.
- Hillary Clinton 65 844 610 votes (48.1%) >> 232 grands électeurs
-
Donald Trump 62 979 636 votes (46.0%)>> 306 grands électeurs
Source New York Times 19 décembre 2016
Résultat étonnant, le système des « grands électeurs » donne la majorité aux républicains (56% pour Trump, 44 % pour Clinton). La voix d’un « petit électeur » de l’état rural comme le Wyoming (population de 195 000 pour chacun des trois grands électeurs) vaut 3 à 4 fois plus que celle d’un encore plus « petit électeur » de New York (population de 682 000 pour chacun des 29 électeurs) ou de Californie (709 000 pour chacun des 55 électeurs). Les courtes victoires de Trump dans les états ex-industriels (Ohio, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin) font basculer chacun de ces états, là où l’énorme avance en voix d’Hillary Clinton dans les états de New York et de Californie ne lui font pas gagner plus de grands électeurs. Cette énorme avance ne vaut rien. On peut noter que finalement Trump a été « élu » avec seulement 25,02 % du corps électoral (Clinton elle avait 26,17 %). La participation n’étant que de 54,4%.
[6]. Le spoil system (spoil = gâcher) permet au parti vainqueur de remplacer l’essentiel des postes névralgiques de l’administration fédérale.
[7]. Chicago Boys : groupe d’économistes formés à Chicago et influencé par Milton Friedman. Ils travaillent pour la dictature d’Augusto Pinochet, soutiennent la répression et déciment les dépenses sociales. Le chômage et la dette explosent.
[8]. Jarosław Kaczyński, frère jumeau de l’ancien président Lech Kaczyński, ancien président du conseil des ministres de Pologne est le président du parti Droit et justice (PiS Prawo i Sprawiedliwość). Le président en titre est Andrzej Duda, élu en 2015, la présidente du Conseil des ministres est Beata Szydlo : l’un et l’autre obéissent à Jarosław Kaczyński
Pour aller plus loin
- Livre de Rafaele Simone
Le Monstre doux. L’Occident vire-t-il à droite ?
- Article du New Yorker le 9 novembre 2016
http://www.newyorker.com/news/news-desk/an-american-tragedy-2
malou Combes dit
Merci François pour cet article exhaustif, dense et approfondi, auquel il est bien difficile de rajouter quoique ce soit tant il brasse large, dans des termes choisis. Je vais, cependant, risquer un petit commentaire, un peu décalé certes, qui m’a été inspiré par un article, publié dans Courrier international, de l’hebdomadaire américain de gauche The Nation qui vient de lancer un appel à la résistance, l’organisation et l’action.
A sa lecture je me suis demandé si « l’accident démocratique » dont tu analyses les causes et anticipes les conséquences, mettait en péril la démocratie. Les causes en seraient les forces économiques qui ballottent les peuples si aveugles qu’ils se laissent manipuler par les discours et médias populistes etc. A juste titre, tu mets en garde contre le simplisme qui consisterait à ranger tous les électeurs de Trump dans la même catégorie. Peut on penser que tous ces gens, à peu de chose près, la moitié des votants, soient victimes de cécité, et incapables de surmonter leurs affects et de prendre des décisions rationnelles ?
La peur d’un avenir incertain est sans doute un moteur puissant de ce vote, ce qui n’exclut pas pour autant rationalité et intelligence chez un certain nombre de gens qui ont compris depuis longtemps qu’aucun des deux partis ne prenait en compte leur doléances ou bien, une fois arrivés au pouvoir les promesses partaient en fumée – ce qui semble être vérifié par la baisse de la participation le 8 novembre, qui est en dessous de la moyenne de la participation depuis les années 60 – . C’est l’hypothèse avancée dans The Nation par William Greider [1] qui constatant que les puissances financières ont asphyxié la démocratie américaine estime que l’ordre ancien méritait de disparaître. Il ajoute que le 8 novembre est une rébellion électorale et un acte de démocratie populaire.
La peur est de tous les côtés. Le vote Clinton a été, pour un certain nombre, un vote par défaut, le seul moyen d’empêcher Trump d’arriver au pouvoir. Par ailleurs le seul fait qu’Hillary soit la première femme candidate à des élections présidentielles lui a apporté des voix qu’elle n’aurait pas eues sans cela.
Autre chose que je voulais souligner dans cet article. C’est l’usage du terme populiste.
Si « populisme désigne l’instrumentalisation de l’opinion du peuple par des partis et des hommes politiques qui s’en prétendent le porte parole »[wikimedia], il s’applique à tous ceux qui ayant entendu les doléances du peuple y répondent par des promesses, censées prendre en compte ces doléances. Ce qui fait bien du monde !
A ce propos William Greider rappelle que, dans l’histoire américaine, le mot populiste tient son nom du mouvement agraire qui est apparu dans les années 1880 (et a perduré jusqu’à l’élection de Theodore Roosevelt). Il explique, citant Lawrence Goodwynn [2] que, « les gens ordinaires tirent généralement leurs connaissances de leurs expériences de tous les jours, et non des manuels scolaires ou de professeurs érudits. Au départ les populistes étaient des agriculteurs et des penseurs autodidactes qui s’intéressaient aux questions économiques. Ils se montraient critiques envers les banques, les sociétés de transport ferroviaires qui pratiquaient des tarifs exorbitants et les entreprises privées, mais aussi envers le gouvernement. Ils ont ainsi dû développer leurs propres idées sensées quant à la façon dont l’économie devrait fonctionner. Nombre des concepts qu’ils ont mis au point se retrouvent dans les grandes réformes du 20ème siècle, notamment dans le New Deal». Greider continue en citant Goodwynn, « il arrive aussi que le petit peuple reconnaisse la vérité avant les experts, mais il est généralement ignoré par les autorités. » Et il conclut que le 8 novembre, ces citoyens autodidactes ont réussi à se faire entendre. Ils ont trouvé leur pouvoir démocratique, et nous devrions écouter avec respect ce qu’ils ont à dire.
A juste titre tu anticipes les dangers à venir avec l’élection de Trump. Souhaitons qu’il ne tienne pas ses promesses et que néophyte en politique, il tiendra compte des conseils prodigués notamment par le président sortant, et que les gardes-fous des institutions américaines empêcheront quelques uns des maux que tu anticipes. Mais indépendamment de ce qu’il a annoncé au cours de sa campagne, il est à craindre qu’une personne aussi imprévisible et impulsive que lui, ne se lance sans prévenir dans des actions destructrices et violentes aux effets en chaîne désastreux.
[1] William Greider est journaliste , spécialisé dans les affaires nationales dans l’hebdomadaire de gauche The Nation et a publié entre autres ouvrages critiques sur l’économie : The Soul of Capitalism : Opening paths to a Moral Economy (l’âme du capitalisme : de nouveaux chemins pour une économie morale).
[2] Historien américain qui a publié notamment Democratic Promise : The Populist Moment in America.
Malou
Michèle Narvaez dit
François, ton article est très informé et excellent. Il fait comprendre l’ampleur de la victoire de Trump. Même si, comme le dit mon trentenaire de fils, pour une fois on peut espérer qu’un homme politique ne tiendra pas ses promesses, ou ne pourra pas si facilement les tenir ! Mais deux phrases me gênent dans ton article parce qu’elles me semblent trop allusives, et j’ai envie de te demander davantage d’explications.
La première c’est celle qui dit : « Une gauche responsable peut-elle encore assister silencieusement à tant d’exclusion et à l’explosion des inégalités ? »
Mais à quelles gauches fais-tu allusion ? Aux États-Unis ? Les démocrates ont été vaincus, Sanders, plus à gauche que Hillary, n’a à ma connaissance pas fait grand bruit, il s’attendait à la défaite de Hillary, il s’est même déclaré prêt à soutenir les réformes de Trump si elles favorisaient les familles pauvres. Dans le monde ? En France ? Que serait pour toi une gauche « responsable », puisque visiblement selon toi pour l’instant (« encore ») la gauche assiste sans rien dire à la victoire de Trump ? Il y a eu en France des prises de position, peu il est vrai, celle de Martine Aubry par exemple dans un communiqué où elle écrit que «l’arrivée à la présidence des États-Unis de Donald Trump est extrêmement inquiétante et angoissante » en analysant ce vote comme un « vote d’inquiétude, de peur par rapport aux désordres du monde », mais aussi le vote d’un peuple qui a eu le senttiment d’être « rejeté » par les responsables politiques. Mais dans leur immense majorité les commentaires des hommes politiques de gauche ont servi surtout à proposer le rassemblement des forces de la gauche française en vue de 2017 ! Quant aux citoyens, en France ou dans le monde, ils n’ont pas réagi.
Et d’ailleurs, que veut dire « assister silencieusement » ? Si on n’assiste pas silencieusement, on dénonce fortement. Mais à quoi sert de dénoncer si aucune action ne suit, ne peut suivre ? Entre l’impossibilité d’une ingérence de mauvais aloi dans les affaires intérieures d’un pays libre et la nécessité de prendre du temps pour comprendre ce vote et en mesurer les conséquences, on ne voit pas bien ce qui pourrait être dit, encore moins fait. Les batailles auront davantage lieu dans les instances multilatérales, sur des questions précises, traités de commerce, environnement par exemple.
Ta phrase me semble donc davantage un vœu pieux qui ne nomme pas l’impuissance des gauches aujourd’hui dans le monde, non pas à s’exprimer, mais à l’emporter dans des élections. Et c’est peut-être cette impuissance qu’il faut creuser.
Enfin tu écris pour conclure ton article «La jeunesse a déjà commencé à réagir ». Là encore il faudrait préciser. Il y a eu, il est vrai, des manifestations importantes aux États-Unis pour protester contre la victoire de Trump, avec de très nombreux jeunes aux premiers rangs. C’était le 10 et le 11 novembre. Sais-tu si des mouvements se sont consolidés dans les universités ? Peux-tu nous en dire plus, ou ces manifestations n’ont-elles été que le cri éphémère de la révolte ?
Merci en tout cas pour avoir lancé ce débat. Michèle