Une bougie a brûlé chez moi jusqu’à mercredi pour Simone Veil.
Je crois que des femmes déposent des bougies place de la République, à Paris. Et aussi un peu partout.
Une, cent, mille, cent mille, des millions de bougies pour Simone Veil. Allumées dans nos cœurs. Minuscules flammes vivantes.
Dans ma famille, on faisait brûler une bougie à chaque anniversaire de la disparition d’un être cher. Sur la petite cheminée, les bougies luisaient souvent, tout doucement. Ma mère me disait qu’ainsi on faisait revivre l’esprit des disparus, et on leur montrait qu’on ne les oubliait pas.
À l’émotion que je ressens, je mesure tout ce que je dois à Simone Veil. Elle représentait pour moi une figure maternelle, aimante et exigeante à la fois. Avec elle j’ai appris qu’on peut sortir grandi de l’horreur et de la souffrance.
Qu’on peut y trouver la force de la lucidité, le courage de la générosité, la ténacité dans le combat, l’intelligence des autres. J’ai appris aussi que les clivages politiques, gauche-droite par exemple, ne sont que des barrières imparfaites qui s’effacent au regard des choix essentiels. J’ai appris qu’il y a des choix essentiels, face auxquels on ne peut hésiter.
Simone Veil faisait partie de ces êtres dont je n’imaginais pas qu’ils s’en iraient un jour.
Ce petit mot, comme une bougie dans notre blog, sur la page du souvenir. Comme une minuscule flamme vivante.
François dit
« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes ».
Cette phrase est pour moi l’image même du courage, la dénonciation d’une injustice profonde. Elle résonne comme l’image de l’homme seul face aux chars de Tiananmen.
L’image d’un courage inouï.
Merci Simone Veil preuve qu’Anne Frank devait survivre elle aussi à la barbarie.