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Lettre d’Italie sur … le fascisme et la mafia

27/09/2025 par Michele Baraldi Laisser un commentaire

Mes chères amies et chers amis,

Le fascisme revient en fanfare, non seulement en Italie mais dans le monde entier, tel un poison mortel ou un virus revigoré par ses propres mutations génétiques : le fascisme est une maladie meurtrière, un venin sans antidote ; il revient plus arrogant et méprisant que jamais et il convole avec son âme sœur corrompue et jumelle, jamais « very nice people » (Trump) – la mafia, sous toutes ses formes, qui a également évolué, s’est transformée, s’est renforcée et est désormais rendue presque invincible par son illégalité totale et son réinvestissement perpétuel dans l’économie légale et la politique réelle.

Les plus grands États de la planète sont désormais gouvernés par des régimes autoritaires, mafieux et impitoyablement antidémocratiques. Les mafias ne sont plus des entités folkloriques ou simplement criminelles situées en dehors du pouvoir : c’est le pouvoir lui-même qui s’appuie sur elles et adopte leur modèle d’action, réaction, destruction, reconstruction et possession. Non, ce ne sont plus les mafias et les fascismes « romantiques » d’antan, nous nous en doutons, mais ils viennent de leurs fondations et ils en gardent leurs structures essentielles, adaptées capillairement aux sociétés contemporaines et élevées à une puissance et à une violence exponentielles. Le fascisme de l’avenir, qui est déjà le fascisme du présent, sera hyper-technologique, omniprésent, impitoyable et farouchement mafieux. Oui, il y avait encore un reste de pitié dans le fascisme d’antan… Oui, il y avait encore de l’Espoir, de la dignité et du courage dans la Résistance au fascisme d’antan !

Les démocraties libérales sont en train de devenir des systèmes politiques minoritaires, et leurs composantes authentiquement démocratiques sont de plus en plus fragiles, minées par des vastes campagnes d’information et désinformation toxiques et mensongères, visant à détruire les démocraties de l’intérieur, éliminant de notre planète unique et merveilleuse toute alternative, tout modèle politique, économique et social contraire aux autocraties dominantes. Voilà la raison capitale de l’actuelle pression russe sur l’Europe occidentale, relativement démocratique et provisoirement libre.

Chacun de nous doit décider s’il veut et peut vivre dans un monde fasciste, mafieux, gouverné par l’oppression, l’argent, la force et donc fatalement anti-démocratique, ou s’il veut, chacun selon ses propres moyens et la humble visibilité de son action, résister et défendre, c’est à dire réinventer une démocratie inspirée des valeurs humanistes et antifascistes de nos meilleures constitutions à travers le monde : liberté, dignité et respect pour chaque être humain – et, comme le diraient mon Tagore, Marguerite Yourcenar et notre immense Léonard de Vinci, pour tout être vivant – ; égalité et extension des droits à la vie, à l’éducation, à l’étude, à la culture, au travail, à la santé, au repos, à l’assistance aux plus vulnérables, à la jouissance et à la création d’œuvres d’art – ainsi qu’à la protection, à la restauration et à la préservation du patrimoine historique et des paysages naturels. Ces droits et ces valeurs ne sont ni gauche, ni de droite : ils sont humains – et ils sont universels.

Le fascisme est une idéologie petite-bourgeoise fondée sur le culte de la mort : elle donne même à l’imbécile le plus écervelé l’illusion d’être un surhomme. Toute l’extrême droite européenne vient de là et nous promet, d’une manière à présent volontaire, consciente, publiquement déclarée, des désastres encore plus monstrueux que les guerres et les persécutions dont nos parents et grands-parents ont étés les victimes. Cette idéologie prétentieuse, violente, trompeuse et pompeuse, célèbre et exalte le culte de l’autorité, du pouvoir et de la force : elle vise à la confrontation armée et mène inévitablement à la guerre, c’est-à-dire à notre mort et à celle de nos enfants, de nos proches, de nos élèves et de nos descendants. Voilà ce à quoi elle a conduit et voilà ce qui s’est produit avec le fascisme historique du XXe siècle, qui a causé la souffrance de centaines de millions de personnes, la destruction de villes et de villages entiers et la mort de soixante-dix millions d’êtres humains.

Nous pouvons tous imaginer à quoi pourraient conduire le fascisme et le totalitarisme du XXIe siècle, avec ses quinze mille ogives nucléaires, ses bombes au phosphore, thermobariques, chimiques, électromagnétiques et à fragmentation, ses missiles et drones hypersoniques – bref, les armes extrêmement sophistiquées et destructrices que nous possédons aujourd’hui, et l’augmentation exponentielle des dépenses en armements exigée et obtenue par Donald Trump et par les dirigeants européens, faibles, abasourdis et prostrés devant son effronterie démesurée, hallucinante et irrationnelle.

Et, dans ma chère Italie, Mussolini, toujours Mussolini, l’idole – avec Trump et dans certains cas même Poutine – de ses émules au pouvoir ! Mais pourquoi « admirer » Mussolini, voire le vénérer, comme l’ont fait nombre de responsables italiens actuels tout au long de leur existence pré-gouvernementale, littéralement élevés dans le « culte du Duce » ? Il faut être fou ou ignorer complètement tout ouvrage historique, philosophique, psychologique, littéraire et anthropologique sur le XXe siècle ! Mussolini (déjà autoritaire, raciste et interventionniste avant la Première Guerre mondiale) a directement et indirectement conduit à Franco et à Hitler – dont il a été le mentor et serait devenu bientôt le principal allié, partageant ses pratiques meurtrières, son antisémitisme et ses « principes » guerriers et autoritaires –, à la Seconde guerre mondiale et à la Shoah.

Attention, l’Italie a été souvent prophétique en Europe, tant dans le bien – la Renaissance – que dans le mal : la mafia et le fascisme, au singulier et au pluriel. Les lois raciales de 1938 furent l’œuvre de Mussolini, celle de ses sinistres complices et de sa soumission vile, grotesque et vénale au dictateur et au nazi-fascisme allemands. Attention – permettez-moi de le redire ici – aux idiots charismatiques : ils nous conduisent à la catastrophe. Et attention à la base de ces mouvements néo-fascistes : même quand leurs chefs semblent en nier les présupposés idéologiques – vous trouverez là, à la base, les vraies convictions des chefs, qui sont des convictions autoritaires, xénophobes, racistes, antisémites et finalement et indéniablement fascistes.

Les Italiens d’aujourd’hui ont tout simplement oublié que Mussolini et le fascisme les ont conduits à la guerre, avec son lot de destruction et de mort. Rappelons-nous que les traumatismes causés par les guerres perdurent pendant des décennies, voire des siècles, de génération en génération, provoquant d’autres traumatismes, d’autres guerres et beaucoup trop de malheur, alors que nous pourrions tous, quel que soit notre niveau de culture ou de richesse, vivre et travailler dans un monde résolument tourné vers le Bien, le Vrai et le Beau. Et pour une fois, moi qui n’en abuse jamais, je revendique chaque majuscule et même ce point d’exclamation !

Il est notre primordial devoir d’écouter les jeunes – ainsi que d’authentiques experts dans toutes les disciplines, et notre propre expérience – : tenter de voir le monde depuis leurs sensibles, parfois géniaux et stupéfiants points de vue. Ainsi, nous pourrons à nouveau imaginer leur offrir non pas le produit bâclé et violent de notre indifférence, mais un monde intelligent, épris de beauté et de vérité, résolument orienté vers une perspective de paix durable et véritable et non de guerre. Un monde où une jeune femme ou un jeune homme puissent, oui, concrètement, dans la liberté et la joie, imaginer, construire et réinventer leur avenir et le nôtre, sans être intimidés ni terrifiés, avant même d’avoir entamé leur sacro-saint voyage dans la grande aventure de la vie, par le culte obsessionnel du conformisme, de la normalité et de l’obéissance, ainsi que par le narcissisme, l’exhibitionnisme et le nihilisme solipsiste, délirant et autoréférentiel des générations qui les ont précédés.

 

Eh bien, il y a quelques jours, j’avais décidé de ne plus jamais faire de commentaires de ce genre, éviter toute provocation et me concentrer exclusivement sur mon propre travail littéraire, avec l’énorme engagement quotidien qu’il exige de moi. En fait, ces méditations sous forme de journal, ces messages désespérés, ces « bouteilles à la mer » sont un élément vraiment impardonnable, mais tout à fait essentiel de notre travail d’écrivains. Une seule lectrice, un seul lecteur les sauve ! Un mathématicien, un peintre et un musicien peuvent sans doute s’offrir le luxe suprême d’ignorer le monde, s’élever jusqu’au Sublime et se concentrer exclusivement sur ce qu’ils font, et Dieu sait combien je les respecte et les admire. Un écrivain, toutefois, comme tout artisan, ouvrier et citoyen, ne peut absolument pas s’empêcher de s’interroger, nuit et jour, comme le fait votre dévoué serviteur, sur le monde dans lequel il vit – un monde qu’un cher ami et compagnon de route, Arthur Q. Lawry, a défini comme un théâtre où des acteurs complètement fous jouent des rôles et interprètent des personnages encore plus affolés que les acteurs eux-mêmes.

Bien amicalement à vous,

Michele Baraldi

Je remercie très vivement mon cher ami François Vescia pour la « métamorphose » française de ce petit De profundis abyssalement pessimiste,  autant désespéré qu’anti-fasciste : mais le pessimisme n’est pas un nihilisme, au contraire, puisqu’il laisse toujours entrouverte une porte au passage, de plus en plus difficile et entravé par des forces écrasantes, aveugles et hostiles, d’une utopique et pour autant non moins réelle et bénéfique lumière.

 



Pour aller plus loin

     par Umberto Eco

Le témoignage lucide et terrible d’un des plus grands intellectuels du XXe  siècle, qui a grandi dans l’Italie de Mussolini.

Paru en Italie en 1997 dans un volume d’essais intitulé Cinq questions de morale, traduit chez Grasset en 2000, Reconnaître le fascisme d’Umberto Eco est un texte d’une extrême actualité  : le témoignage lucide et terrible d’un des plus grands intellectuels du XXe siècle, qui a grandi dans l’Italie de Mussolini.

Quatorze. Tel est le nombre des caractéristiques qui permettent de déterminer si une idéologie, un mouvement, une société sont fascistes, selon Umberto Eco. Il y a les plus évidentes  : la haine de la culture, l’obsession du complot, le refus de l’étranger. D’autres, plus insidieuses, bénignes en apparence, aboutissent au même résultat si l’on n’y prend garde  : la peur du langage complexe, l’idée d’un peuple doté d’une volonté propre, le fait de considérer les désaccords comme des trahisons.

Les sociétés démocratiques sont-elles à l’abri d’un retour du fascisme  ? Non, dit Umberto Eco, qui nous met en garde contre le masque innocent que prendra le fascisme pour revenir au pouvoir. «  Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire : « Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes ! » Hélas, la vie n’est pas aussi simple.  » Les clefs pour débusquer et combattre une idéologie mortifère.

Le site Socio Logique de Elisabeth de Marval

Table des matières

    1. Définition et fondements du fascisme
    2. Le post-fascisme et ses caractéristiques
      1. Origines et évolution
      2. Similitudes avec le fascisme traditionnel
      3. Différences marquantes
      4. Caractéristiques du post-fascisme
      5. Implications contemporaines
    3. Les nouveaux visages du fascisme dans le monde actuel
      1. Globalisation et interconnexion
      2. Médias sociaux : une arme à double tranchant
      3. Étude de cas : le renouveau autoritaire
      4. Influence et conséquences
    4. Islamophobie et fascisme
    5. La réponse de l’Union européenne et des sociétés démocratiques
    6. Populisme, Antipolitique et Leur Relation avec le Fascisme
    7. Conclusion
    8. FAQs

 

Pour les amis

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Classé sous :Démocratie en question Balisé avec :Fascisme, Italie, Populisme

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