Dans les montagnes du Guerrero, être petite fille est une calamité. À la naissance, les mères déclarent avoir donné naissance à un garçon. Les fillettes vont à l’école déguisées en garçons.
Plus tard, les mères les enlaidissent, noircissent leurs dents, et dès qu’apparaissent les narcos dans leurs gros 4/4, les filles se terrent comme des lapins dans des trous creusés dans la terre, si bien que, comme le dit une mère, le Guerrero est devenu « une vraie garenne à lapins ». Les narcos en effet cherchent les fillettes pour les livrer à la prostitution ou les donner « en cadeau » à des hommes riches.
Les maris sont partis, ont abandonné femmes et enfants, et les mères font comme elles peuvent pour faire vivre leur famille. Et les filles rêvent d’un ailleurs, d’un monde où elles pourraient se maquiller et se promener en paix.
Tel est le décor, sous un soleil brûlant, au milieu des iguanes et des papayers, du roman de Jennifer Clément. C’est un roman terrible et merveilleux, drôle et émouvant, empreint de cet humour si spécifique aux opprimé-e-s, et qui raconte une histoire de complicité entre femmes et de courage.
Parfois, un roman en dit plus que toute une analyse sociologique. Précipitez-vous pour lire celui-là !
De Jennifer Clément
Prières pour celles qui furent volées
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Patricia Reznikov, Flammarion 2014
C’est le premier roman de Jennifer Clément. Après des études de littérature à New York et Paris, elle vit actuellement à Mexico.
sylvain dit
Merci pour l’info, on va aller faire un tour dessus !
DAMBURY dit
Merci, je vais me le procurer.