À moins que les tendances ne changent, la pandémie et la crise économique que connaît l’Amérique ne seront rien en comparaison de ce qui va arriver.
« La vie va revenir à la normale », a promis Joe Biden dans un récent discours à la nation. Il parlait de la vie après COVID, mais il aurait tout aussi bien pu faire une promesse sur la vie après Trump.
Mais un retour à la « normale » serait désastreux. Nous ne pouvons pas céder à l’attrait de la « normalité » – car c’est la normalité qui nous a amenés ici. La normalité a conduit à Trump.
Il n’est pas exagéré de dire que les quatre dernières années ont été traumatisantes pour la nation. Après les abus de pouvoir, les violations des droits de l’homme, le racisme flagrant et la réponse malveillante et incompétente de Trump à la pandémie, les gens poussent un soupir de soulagement, ce qui est bien compréhensible.
Mais nous ne pouvons pas revenir à la « normale », car la « normale », c’est quatre décennies de stagnation des salaires et d’inégalités croissantes, alors que presque tous les gains économiques sont allés aux plus riches.
La réponse principale du Parti républicain a été d’alimenter la division et la haine tout en supprimant les votes des communautés de couleur. Et le Parti démocrate a abandonné la classe travailleuse.
Une autre raison pour laquelle nous ne pouvons pas revenir à la normale est que le « normal » a conduit à notre nombre stupéfiant de morts au COVID et à des retombées économiques dévastatrices qui ont fait le plus de mal aux Américains à faible revenu, en particulier aux communautés de couleur.
En effet, il est normal que des décennies de racisme systémique, des filets de sécurité déchiquetés pour tous ceux qui en ont besoin, le système de santé le plus cher mais le moins adéquat du monde moderne soient devenus normaux dans ce cas. Complétés enfin par une catastrophe climatique croissante qui mine constamment la santé publique,
Si ces tendances ne changent pas, la pandémie et la crise économique que connaît l’Amérique ne seront rien en comparaison de ce qui va suivre. Et après Biden, nous pourrions avoir d’autres Trump à perte de vue.
La seule façon d’éviter cela est de changer fondamentalement de cap.
C’est une erreur de considérer que cette tâche consiste à calmer l’aile progressiste du Parti démocrate. La lutte contre ces problèmes systémiques n’est pas une question d’idéologie. C’est une question de moralité et de bon sens.
Si nous ne les abordons pas maintenant, ils seront encore plus destructeurs dans les années à venir.
En d’autres termes, le retour à une normalité complaisante serait mortel. Le grand défi de Joe Biden est de rendre la raison à l’Amérique après quatre ans de chaos Trumpien tout en proposant des solutions audacieuses aux crises de notre époque.
Notre tâche doit être de veiller à ce qu’il trouve l’énergie et la volonté politique pour le faire.
Robert Reich
Nous remercions Robert Reich qui a publié cet article en anglais sur le site de Nation of Change
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Robert B. Reich est professeur de politique publique à l’Université de Californie à Berkeley et Senior Fellow au Blum Center for Developing Economies. Il a été ministre du travail dans l’administration Clinton, pour laquelle le Time Magazine l’a nommé l’un des dix secrétaires de cabinet les plus efficaces du XXe siècle.
Il a écrit quatorze livres, dont les best-sellers « Aftershock », « The Work of Nations » et « Beyond Outrage », et, son plus récent, « Saving Capitalism ». Il est également rédacteur en chef fondateur du magazine American Prospect, président de Common Cause, membre de l’Académie américaine des arts et des sciences, co-fondateur de l’association à but non lucratif Inequality Media et co-créateur du documentaire primé « Inequality for All ».
Pour aller plus loin
http://robertreich.org/
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