Claudia Sheinbaum féministe et écologiste succéde à AMLO au Mexique

Je me réjouis de la victoire de Claudia et ce à plus d’un titre. C’est une femme, la première présidente du Mexique et même de toute l’Amérique du Nord. Elle est intelligente, c’est une scientifique très sérieuse et probablement difficile à corrompre. Elle a été assez bonne dans la gestion de la ville-état de Mexico…

Ce résultat est effectivement en opposition avec les victoires trop nombreuses des droites et extrême-droite en Europe comme la montée du Trumpisme aux E.U. Mais la structure sociale du Mexique, sa position économique dans la mondialisation et ses traditions politiques, sont très différentes de celle des E.U. ou des pays européens.

 

Le Mexique est un pays à revenu intermédiaire. Contrairement à  ce qui se passe dans les pays occidentaux, sa position relative aux autres, au niveau régional ou mondial, n’est pas décroissante mais plutôt ascendante. Sur le plan économique, la situation des couches populaires a plutôt tendance à s’améliorer. La dette est faible. La monnaie est forte. Et, l’espoir est là. 

Au Mexique, il n’y a pas d’extrême droite. Il y a une droite catholique conservatrice, le PAN et un parti centriste le PRI. Issue de la révolution, populiste et clientèliste, il a dirigé le pays jusqu’en 2000 puis perdu peu à peu son leadership, concurrencé tout d’abord par le PAN puis écrasé par MORENA, le parti de AMLO (Andres Manuel Lopez O). 

AMLO a été très habile. Il a su surfer sur le besoin de reconnaissance des catégories populaires. Il a su leur donner des droits réels qu’elles avaient déjà sur le plan formel. Il a pris quelques mesures très légitimes comme l’accès au système de santé, qui était jusqu’alors quasi-réservé aux salariés formel (50% des travailleurs sont employés dans l’informel). Il a mis en place un revenu universel pour les plus âgés (65 ans) et les plus jeunes. Il a augmenté le salaire minimum qui reste cependant très bas de manière à ne pas gêner les grandes entreprises.

Il n’a pas engagé de réforme fiscale qui lui aurait valu les foudres du grand capital, c’est à dire les 20 familles qui gèrent le pays. Ce n’est pas un révolutionnaire. C’est aussi un populiste. Il s’est attaqué à la classe moyenne, notamment aux fonctionnaires, en particulier aux haut-fonctionnaires sauf à l’Armée. Certes beaucoup d’entre-eux sont trop payés, notamment dans la justice qui est totalement inefficace et très corrompue. Le slogan était : pas de fonctionnaires riche dans un pays pauvre. Mais cette politique démagogique n’a pas amélioré la lutte contre la délinquance organisée, elle a, au contraire, affaibli les institutions. 

Pour les riches, AMLO a été une chance. Alors que la paix sociale était menacée à cause de l’inflation et surtout de la hausse du carburant, il a réussi, grâce à sa popularité (déjà ancienne) à la maintenir sans jamais toucher à l’essentiel : la fiscalité sur le revenu des personnes et celle des grandes entreprises. La fiscalité est faible et la fraude très élevée. On dit que la moitié des gens échappe à l’impôt lorsque l’autre moitié n’en paye que la moitié. En échange, les riches sans toujours soutenir le gouvernement, ne lui ont pas fait la guerre.

Que va faire Claudia ? Probablement la même politique que Andres Manuel. Si elle abandonne son style demago-popu, elle risque de perdre un peu de crédibilité dans les couches populaires sans pour autant gagner du côté de la classe dite moyenne (les moyen-riches).

Elle annonce la fin de l’impunité pour les criminels… On ne peut qu’espérer qu’elle réussisse. Elle veut faire de la lutte contre le crime organisé sa première priorité. Tant mieux. Mais comment va elle faire ? Voilà la vraie question à  laquelle elle ne fournit pas de réponse.

Risque-elle d’être assassinée ? Je ne pense pas car je n’en vois pas l’intérêt. Ceux qui feraient ça, perdraient la partie au profit de leurs concurrents. Elle risque cependant d’être menacée,  intimidée,  de subir toutes sortes de pressions. Et de céder.

Le pays sera gouverné par une femme, une scientifique rigoureuse, une militante de gauche honnête, etc. Mais le parti qui a gagné,  MORENA est plutôt macho, peu rigoureux et assez corrompu. 

 

Voilà la situation.